Acheter n'est pas voter
Acheter n'est pas voter. Pour ceux qui ne croient plus à la sphère politique et se tournent vers la consommation responsable pour "moraliser" les entreprises, il faut se rappeler que la démocratie désigne un processus social et interactif, un ensemble complexe d'actions collectives orientées vers l'amélioration d'un monde commun. Acheter bio n'est pas faire de la démocratie au quotidien, tandis qu'organiser un boycott ou intervenir dans l'espace public représentent des gestes démocratiques, prenant part dans la sphère politique non-institutionnelle. La société civile n'est pas la somme des "petits gestes" du quotidien, mais une réponse publique aux déficits du marché et de l'État. La démocratie est indissociable de l'association, du débat et de la contestation, et c'est pourquoi la recomposition de la société représente la première tâche d'une réelle démocratisation.
Voter ne peut être qu'une parcelle d'un gigantesque processus immergé dans la rivière de l'auto-organisation civile. Sans cet entrelacement permanent, le vote ne peut qu'être qu'un acte de consommation, c'est-à-dire la sélection d'une marchandise électorale. C'est pourquoi le campagne électorale n'est que le reflet de la société de consommation, bien qu'un torrent démocratique est en train de faire mentir la politique-spectacle entretenue par les élites étatiques, économiques et médiatiques. Quand on dit "acheter c'est voter", le citoyen s'est déjà transformé en consommateur complice de son assujettissement, il a intériorisé les règles du marché. Il est enfin prêt à dire "voter c'est acheter", et il choisira le produit consommable du parti de son choix, taillé sur mesure par les entrepreneurs d'État gavés par leurs enquêtes de marché, sondages et stratèges calculant sur mesure l'électorat à séduire via la version politique de la publicité : les relations publiques.
J'espère bien qu'acheter n'est pas voter, ça voudrait dire que ça prend de l'argent pour participer à la démocratie...
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