Alliance socialiste et indépendantiste (partie 1)
Introduction : la
politique comme discours
La politique ne se réduit pas à
l’exercice du pouvoir et à la sphère de l’État, mais embrasse toute forme de
réflexion et d’action collective prenant part dans l’espace public. Celui-ci
est un lieu de délibération et de contestation, où plusieurs acteurs individuels
et collectifs expriment des idées, critique des décisions, et mettent en
pratique des valeurs pour orienter le développement de la société. La politique
est fondamentalement un jeu de discours.
Un discours est un ensemble de croyances et pratiques, de suppositions et
dispositions partagées, enracinées dans le langage. Il assemble des bouts
d’information en formant des touts cohérents qui permettent d’interpréter la
réalité, sous forme d’idéologies, cultures, cadres de référence ou visions du monde.
Les discours sont à la fois des portes et
des fenêtres ; ils se referment parfois en systèmes rigides, mais s’ouvrent
également sur d’autres discours qui peuvent les contester et les faire évoluer.
Pour certains (comme Foucault), le discours possède une structure contraignante
qui conditionne la pensée et les comportements de ceux qui l’adoptent (souvent
inconsciemment), le savoir et le pouvoir se trouvant intimement mêlés dans des agencements
d’énoncés et de stratégies. Pour d’autres (comme Habermas), les discours
assurent la reproduction symbolique du monde vécu, et s’enracinent dans des
processus communicationnels qui rendent possible la critique et la
compréhension intersubjective. À la fois prisons et tremplins de l’émancipation,
les processus discursifs donnent vie à la sphère démocratique, à condition qu’ils demeurent ouverts et continuent de s’examiner mutuellement.
Le discours est donc une construction
historique et dynamique, composée de mythes, symboles, images, idées
structurantes, arguments rhétoriques, attentes, préjugés et comportements
déterminés, qui suscitent l’adhésion ou l’aversion. Le discours n’est pas un
bloc homogène, une structure abstraite et désincarnée, mais un agencement
pluriel sensible aux affinités et aux répulsions, capable de coopération ou de
compétition avec d’autres discours. C’est un processus intellectuel et
affectif, qui suscite l’identification à une personne, un groupe ou un ensemble
d’idées, réelles ou imaginaires, et permet à ses membres de souscrire à la même
logique. Il faut donc porter une attention particulière sur la culture des formes politiques (et non
seulement s'attarder à leurs idées apparentes), afin de découvrir les différences réelles
entre celles-ci, au-delà des ressemblances que comportent leurs propositions
particulières.
Option nationale et Québec
solidaire
Un exemple intéressant de cette
similitude/dissemblance est celui des deux partis progressistes et
indépendantistes, Option nationale (ON) et Québec solidaire (QS). Malgré le
fait que les deux entités se ressemblent sur plusieurs points et que certaines
personnes voudraient les assimiler, le chef Jean-Martin Aussant ne tarda pas à
écrire une remarque intéressante sur son mur Facebook pour répondre à ces
adversaires : « L’humain et le chimpanzé ont 99% de gènes communs, et
pourtant pas du tout les mêmes objectifs. ON n’est pas QS. D’accord
Amir? :-) »
Cette boutade a le mérite de mettre le
doigt sur un phénomène politique récurrent : le narcissisme des petites différences. Ce concept freudien sert à
expliquer les oppositions qui surviennent entre des entités qui apparaissent
comme identiques ou similaires à première vue. Mais cette différenciation dans
la ressemblance nécessite une analyse et une critique sérieuse des nœuds de démarcation entre discours,
pour faire avancer la réflexion, chercher de nouveaux adhérents chez son
adversaire, le placer au pied du mur ou créer des alliances avec lui. Le but de
ce texte est d’éclairer les articulations complexes entre les discours
progressistes et indépendantistes de la sphère politique québécoise, à travers
l’analyse comparative de deux partis voisins. Sont-ils de faux-amis, au sens linguistique
du terme, c’est-à-dire deux mots de langues différentes dont la ressemblance
formelle suggère l’équivalence, mais qui présentent des différences de sens et d’emploi
grammatical, de sorte qu’ils ne peuvent être traduits l’un par l’autre?
L’analyse discursive ici développée
s’enracine dans une position critique, où le sujet ne peut faire complètement
abstraction de son propre horizon. L’auteur se fonde sur le discours solidaire, mais reste conscient de son
propre schème d’interprétation. Comme il est en partiellement insatisfait par
son propre parti, il tente de dépasser son discours en essayant de comprendre
celui de l’autre. Cette fascination d’un solidaire pour ON découle de la
reconnaissance de soi dans l’autre, et de la reconnaissance de l’autre en soi.
Il est plus facile de se comprendre en connaissant ce qui nous distingue et
nous rapproche de l’autre, et vice-versa. Cela s’explique par le fait que le
discours n’est pas d’abord un monologue en vase clos, mais un processus
communicationnel, social et intersubjectif. Il s’affirme par ses relations,
positives et négatives, aux autres formations discursives.
Un débat décisif
Une conséquence importante de cette
perspective est que le débat entre deux petits et nouveaux partis (QS et ON)
permet d’éclairer de nombreux enjeux fondamentaux pour l’avenir politique du
Québec. Après les résultats ambigus des élections de l’automne 2012, il est
urgent de dégager les conditions et les contraintes relatives à une alliance, sans quoi les principales
forces progressistes resteront des adversaires, alliés périodiquement contre
tous les autres partis aspirants au pouvoir. Il est nécessaire de comprendre ce
qui plaît et déplaît aux membres de chaque parti, en découvrant les raisons
objectives et les motivations subjectives de leur adhésion particulière.
Au lieu d’insister sur le rôle des chefs
et l’analyse superficielle des campagnes électorales, l’analyse concrète du
discours des acteurs constitue une approche beaucoup plus éclairante
pour dégager la culture et la vision de chaque formation. Pourquoi les
nationalistes n’aiment-ils pas les solidaires, et réciproquement? Leurs
discours sont-ils apparemment ou fondamentalement incompatibles? Les
divergences stratégiques sont-elles dues à des différences idéologiques
profondes? Peut-on et doit-on modifier celles-ci pour créer une nouvelle force politique, un résultat dynamique
issu de la conjonction de deux discours complémentaires sur l’avenir du Québec?
Les discours politiques ne sont pas de
simples jeux de mots ou des visions abstraites, mais des idées incarnées et en
devenir, qui changent le cours de l’histoire. Pour dépasser le clivage entre
matérialisme marxiste et idéalisme hégélien, nous pouvons prendre l’analogie de
l’ordinateur. Les règles formelles constituent le hardware institutionnel (structures économiques et étatiques, système
juridique et législatif, etc.), tandis que les discours représentent des softwares institutionnels, des logiciels
permettent de traiter l’information, réaliser des opérations et interagir avec
le système. Lorsque le système matériel surchauffe, que l’économie capitaliste
et la démocratie libérale sont en panne, nous avons affaire à une crise des
institutions qui relève à la fois des impératifs d’accumulation et de
légitimation.
C’est pourquoi les discours qui visent à
changer le hardware (les règles du jeu), tant sur le plan politique
qu’économique, sont aujourd’hui absolument nécessaires. L’importance des
discours est manifeste, car ils servent d’interface
à la transformation de la société, même s’ils sont contraints et en partie
déterminés par la structure qui les sous-tend. Contrairement aux vieux et
principaux partis (PLQ, PQ et CAQ) qui proposent différentes mises à jour d’un
système d’opération désuet, QS et ON ont le mérite de vouloir créer une
nouvelle machine à partir de l’ancienne. Bien que les métaphores informatiques
aient une limite, la critique suivante constitue un benchmark des discours respectifs de chaque parti, c’est-à-dire un
banc d’essai permettant d’évaluer la validité, la robustesse et l’efficacité
des systèmes qui entendent remplacer le modèle politique québécois actuel.
Les défis d’Option
nationale
Option nationale est situé au milieu des
pôles représentés respectivement par Québec solidaire et le Parti québécois,
tant sur le plan économique (QS étant à gauche, ON au centre-gauche, le PQ au
centre) que souverainiste (Assemblée constituante pour le premier, LIT pour le
second, gouvernance pour le troisième). ON partage des airs de famille avec ses
adversaires sur de nombreux aspects, mais se démarque par des traits
distinctifs, tant par l’image que sur
le fond. Il constitue une sorte de
compromis ou d’entre-deux, qui demeure toutefois instable pour de nombreuses
raisons. Moins à gauche que QS mais plus indépendantiste que le PQ, sa jeune
existence, ses faibles moyens et la non-réélection de Jean-Martin Aussant
l’obligent à préciser son identité et à démarquer son projet, qui risque à tout
moment d’être recoupé par ses principaux rivaux.
Le principal défi d’ON réside dans le
fait qu’il ne pourra probablement pas survivre indéfiniment, à cause de la
pression constante des autres partis en place. Le contexte politique crée donc
un trilemme, où trois possibilités ne peuvent se réaliser simultanément (QS vs
ON vs PQ). À long terme, le diagramme des
forces (la puissance et la position relative des acteurs dans l’échiquier
politique), fait en sorte qu’ils ne pourront coexister éternellement dans un
même espace compact ; ils devront
s’unir, se repousser ou se détruire d’une manière ou d’une autre, même s’il est
difficile pour l’instant de quantifier les probabilités de réalisation de
chaque scénario.
Les possibilités à long terme sont les
suivantes : 1) QS+ON vs PQ ; 2) QS vs ON+PQ ; 3) QS vs ON ; 4) QS vs PQ. Ce
trilemme suppose que la possibilité d’un front uni (QS+ON+PQ) est improbable, du
moins sous la forme d’une grande alliance où les trois partis se partageraient
l’ensemble des circonscriptions de manière équitable et sans friction. Le
système de compétition partidaire, renforcé par le mode de scrutin uninominal à
un tour, structure le champ des stratégies possibles pouvant être incarnées par
les acteurs naviguant dans la démocratie libérale québécoise.
C’est pourquoi l’analyse des discours
politiques doit tenir compte de l’environnement social dans lequel ils prennent
part. Les conjonctures et les contraintes systémiques limitent l’action
politique, mais représentent également des leviers
sur lesquels des alliances et des stratégies variées peuvent s’appuyer pour
tourner la situation à l’avantage des différents joueurs. Au-delà de l’opposition
entre structure et acteurs, c’est leur interrelation dynamique qui détermine
l’orientation des opportunités politiques, des mondes possibles accessibles à
partir de la réalité actuelle. Si l’avenir est riche en potentialités, il faut
néanmoins regarder attentivement les faiblesses du présent, les crises, les
failles et les interstices, dans lesquels pourrait surgir un dénouement
imprévisible. La compréhension du maillon le plus instable, c’est-à-dire du
parti qui risque à tout instant de faire basculer l’équilibre des forces,
pourrait nous donner la clé d’interprétation de l’horizon politique québécois.
Les défis d’Option nationale expriment donc, en condensé, les obstacles que
nous devrons collectivement affronter.
L’image du discours
ON est un jeune parti issu de la crise du
PQ, un organe dissident qui fait du nouveau avec du vieux. Son chef,
Jean-Martin Aussant, a réussi à raviver la flamme indépendantiste, attirer de
jeunes candidats enthousiastes, défendre rationnellement et concrètement le
projet souverainiste et les politiques progressistes, dans un discours amusant
et captivant. L’image du parti est donc très positive et franche, elle va droit
au but. C’est pourquoi ON a rapidement réussi à se tailler une place, en
déclenchant l’étincelle chez de jeunes militants (20-35 ans) qui s’impliquèrent
pour la première fois en politique.
Le caractère intuitif des arguments, l’identification rapide au chef,
sympathique et rationnel, pragmatique
surtout, de même que les capsules vidéos du web 2.0., faciles à comprendre et
convaincantes, tous ces facteurs expliquent en bonne partie le succès immédiat
mais limité de ce nouveau parti. Le discours utilitaire et économique, couplé à
la ferveur et le franc-parler des militant(e)s et candidat(e)s (dont Catherine
Dorion), représentent les ingrédients réunis d’une recette gagnante, dans l’air du temps. ON suscite l’adhésion
spontanée et naturelle des nouveaux participants, plutôt qu’une affiliation réfléchie
et critique. C’est un atout, mais à double tranchant, qui obscurcit la logique
sous-jacente du parti, c’est-à-dire ses présupposés.
D’une certaine manière, QS est l’image renversée d’ON. Le premier suscite moins
facilement l’adhésion que le second, car il demande un travail critique
préalable, un processus de réflexion plus long et plus complexe. ON est plus
simple et pédagogique (user-friendly),
mais plus superficiel que son adversaire, beaucoup plus complexe et raffiné. QS demande
presque un mode d’emploi pour les novices, car il doit défaire des préjugés et
expliquer ce que sont le féminisme, l’écologisme, le néolibéralisme, l’histoire
complexe de la gauche et la droite, l’altermondialisme, etc. QS est plus lourd que son rival, évident pour ses
militant(e)s mais contre-intuitif pour les autres, ce qui explique qu’il suscite
une vive réaction chez ses détracteurs. Mais il demeure plus robuste et complet qu’ON, comme nous allons le voir plus tard.
Avantages d’une alliance
Ainsi, chaque parti a les qualités et les
inconvénients que l’autre n’a pas! C’est pourquoi il serait utile d’allier deux
discours complémentaires en bonne partie, qui s’adressent respectivement à l’homo economicus chez ON (économie et
efficacité), et l’homo civicus pour
QS (politique et justice sociale). Ces deux aspects sont distincts mais ne sont
pas séparés, car ils se retrouvent dans chaque individu qui doit articuler ces
exigences en tension continue. Au lieu d’aller chercher deux types d’électeurs
bien définis, il faudrait plutôt tenter de convaincre l’ensemble de la
population par différentes raisons, utilitaires et normatives, qui ne
s’excluent pas toujours mutuellement. Autrement dit, il ne faut pas attribuer à chaque
parti l’obligation de porter une seule vertu particulière, comme si la totalité
sociale pouvait être partagée en factions qui la représenteraient séparément,
l’universel ne pouvant se réaliser que par l’affrontement incessant de ses
composantes.
Par ailleurs, QS et ON se démarquent des
partis dominants par leur appartenance à la nouvelle
génération en puissance. Ils
tirent des aspects complémentaires de la génération Y, contre le cynisme et
l’anti-égalitarisme de la génération X (CAQ-ADQ), et le besoin de confort et de
sécurité défendus par le PLQ et le PQ, qui se font champions de l’alternance et
du vieux consensus. Mais le fossé générationnel ne désigne pas
d’abord deux groupes d’âge homogènes (les baby boomers vieillissants gavés par
TVA d’une part et la nouvelle génération branchée sur les réseaux sociaux
d’autre part), bien qu’un tel écart représente une approximation sociologique
intéressante. Il s’agit d’abord de deux modes de pensée
antagonistes qui traversent tous les âges : le premier est tourné vers la
transition écologique, la collaboration participative, l’adaptabilité créative
et une compréhension renouvelée de l’indépendance collective (ouverture sur le
monde), alors que le second reste prisonnier de la société de consommation, des
hiérarchies politiques et économiques (parlementarisme vieux jeu et capitalisme
sans vergogne), et du repli identitaire (dont le nationalisme de la CAQ et les
radio-poubelles constituent le paroxysme).
Cette description sommaire distingue évidemment
deux idéaux-types, c’est-à-dire des simplifications théoriques
permettant d’interpréter certains phénomènes sociaux qui traversent tous les
âges. Des quinquagénaires socialistes et féministes militent pour Québec
solidaire, et des jeunes comme Arielle Grenier s’impliquent dans le Réseau
Liberté-Québec. Il faudrait donc distinguer une vieille gauche
(social-démocratie, syndicalisme corporatiste) et une nouvelle gauche
(altermondialisme, nouveaux mouvements sociaux), une vieille droite (PLQ) et
une nouvelle droite (libertarienne), un vieux souverainisme (PQ) et un nouvel
indépendantisme (ON et QS). Tendanciellement, les vieux partis sont destinés à
mourir ou à se renouveler tranquillement, alors que les nouveaux partis sont
voués à joindre leurs forces pour créer une force politique réellement
alternative. C’est de cette dernière option dont il sera question.
L’intégration stratégique des deux principaux
partis générationnels représente une voie intéressante, chacun pouvant corriger
les faiblesses de l’autre sans écraser ses convictions. La formation politique
émergente pourrait avoir une aile socialiste
(nouveau parti de gauche, constitué par QS), et une aile républicaine (nouveau parti indépendantiste, formé par ON), qui
seraient formellement distinctes mais
réellement unies. Jean Duns Scot
entend par différence formelle la
distinction entre deux essences ou attributs, présentes dans une même substance. Ce concept s’oppose à la différence réelle qui suppose
l’existence de deux entités séparées, et à la différence conceptuelle, qui idéalise des aspects d’un même objet
indécomposable. La première différence est réelle mais abstraite, la seconde
réelle et concrète, alors que la troisième est non-réelle et abstraite.
Entre l’unité homogène d’un parti et la
séparation de deux entités (accidentellement reliées par les conjonctures
électorales), la qualité d’une nouvelle formation politique découlerait de sa
capacité à faire la synthèse hétérogène et dynamique des questions
progressistes et indépendantistes. Elle pourrait jumeler la structure
(hardware) de QS avec l’interface (software) d’ON. Le nouveau parti serait la
synthèse d’un moteur réflexif robuste et d’une pédagogie ergonomique. De plus,
la division du travail politique éviterait la perte de ressources (en termes de
temps, d’argent et de motivation), causée par la dispute de deux entités
semblables qui cherchent constamment à s’emparer quasiment du même électorat.
L’activité conjointe de deux bases militantes distinctes rationaliserait ainsi
le processus de création d’une nouvelle force progressiste et indépendantiste,
tout en se dotant dune nouvelle image combinant les meilleurs éléments des deux
partis.
Freins de l’harmonie
Derrière ce projet aux allures utopistes, d’une
simplicité pratique évidente, se
cache d’importantes difficultés théoriques.
Si les exigences pratiques et stratégiques réclame une unification, la
rationalisation conceptuelle (mise en cohérence) des discours est loin d’être
facile. C’est la principale raison du scepticisme de la plupart des militant(e)s
de QS et ON, qui pensent qu’une
alliance serait objectivement une bonne chose pour amener la victoire, mais sentent qu’il y a un fossé dans la
vision, la culture politique, les arguments, les pratiques organisationnelles,
les valeurs, les préjugés, les aspirations et les craintes de chaque parti.
Comment deux plateformes politiques, si semblables par ailleurs (gauche
indépendantiste pour l’un, nationalisme social-démocrate pour l’autre),
peuvent-elles être si éloignées idéologiquement?
L’explication de cette proximité intellectuelle et de ce fossé affectif se trouve dans l’art des détails, du travail d’explicitation et d’interprétation des principes constitutifs implicites dans le cœur
de chaque parti. Au-delà de la réconciliation abstraite de l’image de chaque formation, nous devons
nous assurer de la compatibilité de fond
des principales questions en jeu, soit la question sociale et économique (axe
gauche/droite) et la forme politique du projet d’indépendance (stratégie
d’accession à l’indépendance). Ces deux nœuds
de démarcation sont liés, et font l’objet de désaccords fondamentaux chez
QS et ON.
La double contradiction d'Option nationale
Pour sortir de l’impasse, il faut cibler les
contradictions de chaque proposition, afin d’éviter des erreurs monumentales
qui pourraient être causées par des solutions mal formulées et peu réfléchies.
Einstein disait qu’il faut rendre les choses aussi simples que possible, mais
pas trop simples, et Whitehead ajoutait qu’il fallait rechercher la simplicité,
mais s'en méfier! Dans cet ordre d’idées, la critique ici proposée sera celle
du simplisme de la stratégie d’Option
nationale, que ce soit sur le débat gauche/droite ou la question de la
souveraineté. Le premier problème renvoie au mythe de René Lévesque, alors que le second repose sur le mythe du LIT. Le mythe de Lévesque
désigne l’illusion du dépassement de la question socioéconomique, tandis que le
mythe du LIT résume les contradictions de la stratégie représentative, ces deux
erreurs étant largement répandues dans le mouvement souverainiste.
La pertinence de la critique suivante est
double. D’une part, ON se démarque de QS par sa réponse à la question de la
gauche, mais il doit endosser la thèse de Lévesque pour ce faire. Or, cela
obligerait ON à rejoindre la position du PQ, ce qui entrainerait sa disparition
comme forme politique distincte. D’autre part, ON se distingue du PQ par sa stratégie
souverainiste particulière et prononcée. Cependant, l’approche du LIT n’est pas
fondamentalement différente de la stratégie péquiste, et sombre dans les mêmes
difficultés. Ainsi, ON porterait une double contradiction qui l’obligera tôt ou
tard à se rallier à l’une des deux seules positions valides :
l’indépendance de rupture (QS), ou la souveraineté de continuité (PQ). Cette
argumentation vise à pousser ON au pied du mur : il devra opter pour la
souveraineté populaire et délibérative, ou choisir la souveraineté nationale et
représentative.
...Suite dans la partie 2...
...Suite dans la partie 2...
Bonjour Jonathan.
RépondreSupprimerJe suis Agusti Nicolau Coll du Centre justice et foi et la Revue Relations. Nous avons fait connaissance en juin dernier lors du Festival de Solidarités d'Alternatives. Je viens de t'envoyer un courriel a ton adresse jonathan.durand-folco@ulaval.ca, pour solliciter ta participation a une Soirée sur Ville écologique, tel que nous en avions parlé en juin. Mais le courriel m'a été retourné. Svp, écris-moi a anicolau@cjf.qc.ca afin que je puisse t'envoyer le courriel en question. C'est un peu urgent...
Merci
Agusti Nicolau-Coll