Québec solidaire et l’oubli de la ville
La gauche et la ville
Commençons par un double constat :
la politique municipale a oublié la justice sociale, et la gauche a négligé la
ville. D’une part, le monde municipal semble souffrir d’un apolitisme aigu,
s’exprimant par le « dénigrement des partis politiques municipaux par les
candidats », et le « refus de faire campagne au profit de stratégies
politiques axées sur des personnalités fortes » : équipe Tremblay,
équipe Labeaume, équipe Vaillancourt, etc. (Bherer et Breux, 2009).
La question sociale est évacuée au profit
d’un discours sur la bonne gouvernance, l’efficacité, la transparence,
l’éthique, et toute la rhétorique administrative dominante. La solution à la
corruption semble être de dépolitiser les enjeux locaux, de
« départisaniser » la scène électorale, en concevant les villes comme
des petites entreprises qui doivent simplement être bien gérées. Malgré le fait
que la majorité de la population soit « pour » la démocratie, plusieurs
souhaitent éviter les débats de fond, les conflits, la délibération et la
contestation, bref tout ce qui fait la moelle d’une politique authentique et
vivante.
D’autre part, la gauche qui lutte contre
la domination du marché semble s’accrocher au principal levier de contrainte
sociale légitime (l’État), en oubliant les municipalités, simples
« créatures » du gouvernement provincial aux yeux de la loi. La
difficile réunification des forces progressistes québécoises exige énormément
de ressources, en espérant qu’un jour puisse advenir l’ultime conquête de
l’Assemblée nationale. En attendant, les villes sont boudées ou simplement
ignorées par les militant(e)s écologistes, féministes, altermondialistes ou
indépendantistes, la scène nationale préservant son hégémonie sur la réflexion
et la lutte politique québécoise.
Du précariat au droit à la
ville
Or, la question urbaine devient un aspect
incontournable de notre époque, que ce soit sur le plan de la globalisation
économique, la montée des inégalités sociales, la crise de la démocratie représentative,
la crise écologique, etc. Henri Lefebvre, Manuel Castells et David Harvey
(notables géographes marxistes) ont été les premiers à critiquer l’attention
exclusive de la vieille gauche sur le travail industriel (l’usine, le
prolétariat) et le processus de production, au détriment du domaine de la
reproduction sociale (milieu de vie), qui est devenu un terrain de lutte
important pour les femmes, chômeurs, jeunes, immigrants et précaires. Ceux-ci peuvent être
réunis sous le vocable « précariat », qui joue un rôle central dans
le processus d’urbanisation et tend à remplacer une classe ouvrière
marginalisée par l’économie postfordiste du capitalisme avancé.
Bien que cette classe opprimée soit
fragmentée et davantage portée vers la révolte (émeutes urbaines, mouvement
étudiant) que vers une organisation unitaire révolutionnaire, il n’en reste pas
moins que les victimes de « l’accumulation par dépossession » sont
nombreuses, et que l’exploitation au sein de la vie quotidienne, la
privatisation de l’espace public, la dérive sécuritaire et la spéculation
immobilière permettent de réunir un ensemble d’enjeux apparemment disparates.
Le « droit à la ville » de Lefebvre doit redevenir une préoccupation
centrale des mouvements sociaux et organisations militantes, sans pour autant
se limiter à la métropole montréalaise.
La justice environnementale
au Québec
En effet, bien que la réalité urbaine
soit devenue un lieu central des contradictions entre valeur d’échange et
valeur d’usage, un point de conflit majeur entre le capitalisme financiarisé et
la réappropriation des milieux de vie par les habitant(e)s, le droit à la ville
peut être compris plus largement comme un droit d’habiter l’espace. Ceci
fait écho au mouvement pour la justice environnementale, qui s’attarde à la
répartition inéquitable des risques liés à certaines formes de développement.
Au Québec, il s’agit probablement de la plus vaste et complexe lutte sociale
des dernières décennies, qui s’attaque à de nombreuses perturbations
socio-écologiques : mines à ciel ouvert en milieu urbain (Malartic),
barrages hydroélectriques (La Romaine, Val-Jalbert), gaz de schiste (vallée du
St-Laurent), pétrole (Anticosti, Gaspésie), etc.
Des expressions comme « écologie de
la libération », « livelihood ecology » et « environnementalisme
des pauvres » (Martinez-Alier, 2002), font toutes référence à un large
mouvement centré sur la défense des intérêts matériels des humains qui
dépendent de leur environnement comme moyen d’existence. Les communautés de
base s’opposent à la dépossession de leur milieu de vie et à la détérioration
culturelle causée par l’industrie extractiviste, rappelant à certains titres
« l’environnementalisme urbain » du XIXe siècle (Taylor,
2009).
« Ce milieu était bouleversé,
technicisé, bétonné, colonisé pour correspondre aux exigences de la mégamachine
industrielle. Celle-ci aliénait aux habitants le peu qu’il leur restait du
milieu naturel, les agressait par des nuisances et, plus fondamentalement,
confisquait le domaine public au profit d’appareils techniques qui
symbolisaient la violation par le Capital et par l’État du droit des individus à
déterminer eux-mêmes leur façon de vivre ensemble, de produire et de consommer. »
(Gorz, 2008)
L’étatisme de la gauche
Qu’il s’agisse des milieux urbains ou
ruraux, la « spatialisation » ou la « territorialisation »
des conflits sociaux, économiques, politiques et écologiques n’est pas réellement
prise en compte par la gauche québécoise. Si l’écologie populaire se retrouve
au sein des mouvements citoyens, organisations sans but lucratifs, milieu
communautaire et autres acteurs progressistes de la société civile, elle ne se
traduit politiquement qu’à travers le programme du principal parti de gauche,
Québec solidaire. Malheureusement, celui-ci demeure largement
« étatiste », car il ne semble pas encore avoir pris au sérieux la
question urbaine et le palier municipal.
Paradoxalement, bien que la principale
base militante et électorale de Québec solidaire se trouve en sol montréalais,
aucun point du programme ou de la plateforme du parti ne fait explicitement référence
à la métropole. Contrairement au Parti québécois qui veut renforcer le rôle
économique de Montréal (point 4.8. de son programme) et à la Coalition pour
l’avenir du Québec qui souhaite réformer la gouvernance métropolitaine et
décentraliser les pouvoirs aux municipalités (engagement 12 à 14 de la
plateforme), QS fait référence ici et là à certains points comme les transports
collectifs et la spéculation immobilière, la démocratisation municipale et la
consultation des villes en matière d’exploitation des ressources naturelles,
sans véritable perspective d’intégration.
Une nouvelle Commission
thématique
Cet oubli vient probablement du fait
qu’il n’y a actuellement aucune des quatorze Commissions thématiques qui aborde
ces questions de façon systématique au sein du parti. Les Commissions
« agroalimentaire et ruralité » ou « vie démocratique et
régionale » préconisent une décentralisation « régionaliste »
basée sur un critère flou de subsidiarité, sans tenir compte des enjeux de la
réalité urbaine et du phénomène de métropolisation, ni de la centralité du
palier municipal comme acteur économique, politique, social et culturel. C’est
pourquoi il serait urgent de créer une Commission thématique « Villes et
municipalités », qui aurait pour tâche d’examiner les enjeux de
gouvernance métropolitaine et d’étalement urbain, de logement social et
d’agriculture urbaine, de réforme fiscale et d’urbanisme écologique, de
transports collectifs et d’aménagement du territoire, bref une panoplie de
politiques se rattachant habituellement au Ministère des affaires municipales.
La loi 170 relative à la réorganisation administrative
du monde municipal, les ressources et responsabilités des municipalités, la
réalité métropolitaine, la loi sur l’aménagement durable du territoire et
l’urbanisme, les finances, indicateurs de gestion et fiscalité des villes,
l’évaluation foncière et la question des contrats publics ne sont pas de
simples problèmes techniques, mais
des enjeux politiques dont la gauche
québécoise doit se préoccuper au plus haut point. Bien que l’État ait un rôle
non-négligeable à jouer, que ce soit en matière de protection de
l’environnement ou de redistribution de richesses, il ne doit pas rester
l’alpha et l’oméga de l’économie politique. À vrai dire, la gauche,
l’écologisme, le féminisme, l’altermondialisme et même l’indépendantisme
gagneraient tous à prendre la perspective municipaliste pour réinterpréter les
enjeux de notre siècle.
Les élections municipales de
2013
« Le 3 novembre 2013, plus de 1 100
municipalités du Québec seront en élection générale afin de combler quelques
8 000 postes de maires et de conseillers municipaux. Les électeurs seront
appelés à se rendre aux urnes afin d’élire leur prochain conseil municipal. De
plus, les électeurs de 14 MRC pourront élire leur préfet au suffrage
direct. » http://www.electionsmunicipales.gouv.qc.ca/
La conjoncture municipale est
exceptionnelle. Celle-ci ne se limite pas aux multiples scandales de corruption
qui ont entraîné le départ des maires de Montréal et Laval, ou aux multiples
éclaboussures qui ont fragilisé l’ensemble de la classe politique municipale et
provinciale québécoise. Contre un cynisme latent et un taux relativement bas de
participation électorale, un renouveau démocratique est en train d’éclore
partout au Québec : mouvement des indignés à Montréal, Québec et plusieurs
autres municipalités, grève étudiante de 2012, manifestations de casseroles,
assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ), mobilisations citoyennes au
niveau municipal contre les gaz de schiste (vallée du St-Laurent) et
l’exploitation du pétrole (victoire provisoire de Gaspé contre Pétrolia). Pour
le dire autrement, la démocratie grassroots
est présentement en ébullition.
Or, comment réduire le fossé entre une
démocratie radicale, directe et citoyenne d’une part, et une politique
représentative désuète d’autre part? La démocratie participative dans sa forme
actuelle (BAPE, conseils de quartier, consultations publiques,
concertationnisme, gestion de proximité et gouvernance urbaine)
représente-t-elle une solution viable? Constitue-t-elle plutôt un organe de
légitimation et d’acceptabilité sociale instrumentalisé par les élu(e)s et les
entreprises, car elle ne remet pas en question l’inégale distribution du
pouvoir économique et politique? Doit-on rejeter la démocratie représentative
en bloc et se concentrer sur des espaces a-partisans de délibération (APAQ), ou
doit-on investir le pouvoir municipal en essayant de redonner le pouvoir aux
citoyen(ne)s?
Pertinence et dangers des
partis politiques municipaux
De manière générale, nous soutenons la
pertinence de l’existence et surtout du renouvellement des partis politiques
municipaux. Nous reprenons à large titre l’argumentaire de Laurence Bherer et Sandra Breux, et de Maxime Pedneaud-Jobin. Toutefois, nous plaidons pour une radicalisation de la démocratie municipale. Celle-ci
ne doit pas se limiter aux vœux de certaines formations
« progressistes » comme Action Gatineau, Projet Montréal ou Québec Autrement. Celles-ci ont à cœur la démocratie citoyenne,
l’urbanisme durable, le développement économique et la « qualité de
vie », mais ne se soucient point d’une question majeure : la justice
sociale.
En effet, aucun de ces partis ne prône la
solidarité, la « transformation sociale » ou la remise en question de
la logique néolibérale. Leur discours reste largement au centre de l’échiquier
politique, il embrasse le social-libéralisme et le capitalisme vert qui fait
complètement abstraction des inégalités sociales, du féminisme, de
l’écologisme, de l’altermondialisme et de l’indépendantisme. Sans un examen
critique des impératifs d’accumulation capitaliste, de l’exploitation des
ressources naturelles, de la domination de l’État fédéral, des contraintes de
la taxe foncière qui donne un pouvoir démesuré aux promoteurs, et de la stricte
logique représentative, les municipalités sont vouées à rester de simple
courroies de transmission de l’État et de la globalisation néolibérale.
En lisant le passionnant livre Trente ans de politique municipale de
Marcel Sévigny (2001), nous pouvons constater les promesses et les échecs de la
gauche municipale à travers l’histoire du Rassemblement des citoyens de
Montréal (RCM). Pour résumer, le RCM a essentiellement échoué parce qu’il n’a
pas su éviter le piège de la centralisation, que ce soit au sein du parti
(dominé par la tête dirigeante du maire Jean Doré) ou au sein de la ville (en
ne donnant pas de pouvoir aux conseils de quartier). Autrement dit, si une formation
social-démocrate comme le RCM est restée prisonnière des contradictions du
capitalisme et de la démocratie représentative, on peut aisément deviner qu’un
parti qui ne se réclame même pas de la gauche s’enfoncera inévitablement dans
la logique néolibérale et la croissance insoutenable.
Un nouveau parti municipal?
La conclusion de cette réflexion est
simple : il faut organiser dès maintenant la gauche à l’échelle municipale. Or,
comment devrait-on s’y prendre concrètement? Dans un billet précédent qui
décrivait l’exemple du parti catalan Candidatura Unitat Popular (CUP),
nous lancions l’idée de former un parti-réseau municipaliste à l’échelle
nationale, qui serait de gauche, indépendantiste, féministe, écologiste et
altermondialiste. Cela permettrait de coordonner une multitude de candidatures
dans plusieurs municipalités du Québec (8000 postes sont ouverts!), avec un
programme commun (déclaration de principes, grille d’analyse, réformes
générales) complété d’un programme spécifique à chaque localité.
Le programme de cet hypothétique parti
pourrait s’inspirer librement de QS, la CUP, le socialisme municipal et le
municipalisme libertaire, dans une synthèse qu’on pourrait surnommer
temporairement le « municipalisme solidaire ». Il ne devrait pas se
baser sur une idéologie étroite, mais opter pour une coalition arc-en-ciel qui réunirait
des militants de diverses allégeances à gauche de l’échiquier politique
(libertaires, socialistes, républicains progressistes, féministes, écologistes,
nationalistes de gauche, socio-démocrates) prêts à travailler ensemble dans une
perspective de justice sociale et de démocratisation radicale. L’opposition
rigide entre réformistes et révolutionnaires n’est pas pertinente à cette
échelle, car l’horizon de l’émancipation sociale doit se faire à travers une
série de réformes concrètes prenant pour point de départ les assemblées
citoyennes, les mouvements sociaux (ouvriers, étudiants, pour la justice
environnementale) et la défense des intérêts des classes populaires.
Le rôle de Québec solidaire
Néanmoins, l’organisation d’un tel parti
d’ici les prochaines élections de novembre 2013 semble plutôt précipité, compte
tenu des ressources disponibles en termes de temps, d’argent, d’énergie et de
militant(e)s prêt(e)s à lutter pour la réappropriation collective des
municipalités. C’est ici que Québec solidaire entre en jeu ; devrait-il épauler
des candidatures de gauche dans différentes municipalités du Québec d’ici les
prochaines élections? Devrait-il appuyer des partis politiques progressistes
déjà existants ou en voie de naître? Devrait-il mobiliser ses associations
locales et présenter ses propres candidat(e)s, à la manière des élections
municipales en France où les maires affichent ouvertement leur affiliation
politique au PS ou au PCF? Saviez-vous qu’il existe des bastions communistes
dans certaines communes françaises, comme la ville d’Aubagne qui a décidé
d’implanter la gratuité des transports collectifs en 2008?
Comme Québec solidaire a de la difficulté
à percer à l’Assemblée nationale au-delà de quelques député(e)s, il serait tout
à fait avantageux de propulser des candidat(e)s au sein de diverses
municipalités québécoises, afin de faire rayonner les idées progressistes et de
développer dès maintenant une culture populaire de gauche à l’échelle locale.
De plus, il serait particulièrement intéressant d’expérimenter une véritable
hybridation entre la démocratie directe et représentative, dans laquelle le
pouvoir municipal serait géré directement par des structures d’assemblées et
l’implication active des quartiers.
Imaginons un scénario semblable aux dernières
élections catalanes, qui ont mené 3 députés de la CUP à la Generalitat
(Assemblée nationale) : ceux-ci ont également obtenu 106 conseillers
municipaux, 4 conseillers de comarques (MRC) et 4 maires! La simultanéité des
élections municipales offrirait une grande visibilité à un mouvement politique
de gauche qui embrasserait l’ensemble du Québec, tout cela dans une perspective
de coordination des luttes locales, d’émancipation sociale, de transition
écologique et de libération nationale. Cela permettrait d’étendre l’influence
de la gauche à l’extérieur des centres urbains, tout en fournissant un appui
majeur au mouvement pour la justice environnementale actif dans différentes
régions, brisant ainsi l’idée selon laquelle la gauche serait essentiellement
montréalaise.
Quelle forme cette organisation
devrait-elle prendre, quelles stratégies faudrait-il mettre de l’avant, quels
principes à la fois unificateurs et respectueux de la pluralité permettraient
de donner corps à ce projet? Toutes ces questions se bousculeront au sein des
nouveaux mouvements sociaux, ceux-ci étant influencés par des facteurs comme
les opportunités politiques (élections municipales), les structures de
mobilisation (organisations, partis, réseaux), et les cadrages (significations,
définitions communes que les acteurs donnent à leur situation). http://www.melissa.ens-cachan.fr/spip.php?article502
Dans tous les cas, la gauche doit sortir
de son obsession pour l’État, prendre au sérieux la question urbaine et
développer de nouvelles stratégies sur le plan municipal. En revanche, la
politique municipale doit sortir de sa torpeur et devenir le lieu par
excellence de la citoyenneté, en prenant au sérieux le mot d’ordre de
Bookchin : « démocratiser la République, et radicaliser la
démocratie »! http://kropot.free.fr/Bookchin-Biehl.htm
Pour en savoir davantage :
L. Bherer et S. Breux (dir.), Les élections municipales au Québec :
enjeux et perspectives, Presses de l’Université Laval, Québec 2009
M. Castells, The city and the
grassroots : a cross-cultural study of urban social movements, E. Arnold,
London, 1983
A. Gorz, Écologica, Galilée, Paris, 2002
D. Harvey, Le capitalisme contre le droit à la ville. Néolibéralisme,
urbanisation, résistances, Amsterdam, Paris, 2011
Henri
Lefebvre, Le droit à la ville, 3e
édition, Anthropos, Paris, 2009
J. Martinez-Alier, The environmentalism of the poor : a study of ecological conflicts
and values, Edward Elger, Northampton, 2002
M. Purcell, Le droit à la ville et les
mouvements urbains contemporains, Rue Descartes, vol.1 no.63, 2009, pp.40-50
M. Sévigny, Trente ans de politique
municipale. Plaidoyer pour une citoyenneté active, Écosociété, Montréal, 2001
D.E. Taylor, The environment and the people in american cities, 1600s-1900s,
Duke University Press, London, 2009
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