L’indépendance, c’est maintenant que ça commence!
Au-delà du mandat
Le débat théorique sur la précision du mandat
de l’assemblée constituante ne représente pas l’alpha et l’oméga de la
stratégie d’accession à la souveraineté, mais une clarification conceptuelle
permettant de dégager le sens général de la démarche, l’objectif ultime du
processus constituant. D’ailleurs, comment une telle stratégie peut-elle
mobiliser dès maintenant le combat pour l’indépendance, autrement qu’en
attendant l’élection éventuelle d’une majorité souverainiste au Parlement qui
mettra en œuvre une loi sur l’Assemblée constituante une fois au pouvoir ?
Doit-on simplement parler de souveraineté, montrer pour une nième fois les
avantages de l’indépendance en termes de péréquation, de contrôle sur les lois,
les impôts et les traités, en invitant les nouvelles personnes convaincues à
voter pour un parti politique ou militer pour lui ?
Doit-on plutôt activer la conscience populaire
par une large mobilisation qui favorise l’auto-organisation citoyenne,
indépendamment des partis? Et si l’élection d’un gouvernement indépendantiste
n’était pas la condition d’émergence d’une assemblée constituante, mais bien
plutôt l’inverse ? Et si les citoyens et citoyennes n’avaient pas à
attendre passivement la classe politique pour faire l’indépendance, mais la
mettaient eux-mêmes en œuvre par la mise en place d’une démarche constituante
issue de la société civile ? Celle-ci pourrait délibérer dès maintenant
des contours du projet de pays, redonner le goût au peuple québécois pour son
avenir politique, qu’il prendrait lui-même en charge par sa propre initiative.
N’est-ce pas là le sens profond de la souveraineté populaire, qui désigne
autant : a) le droit d’auto-détermination des peuples (capacité de choisir
la souveraineté nationale) ; b) l’auto-gouvernement populaire (République
démocratique) ; c) la démarche d’accession à l’indépendance (processus
constituant basé sur la démocratie participative) ; d) l’auto-organisation
citoyenne et populaire ?
Évidemment, plusieurs rétorqueront qu’une
assemblée citoyenne non encadrée par une loi émanant de l’Assemblée nationale
aurait peu de moyens financiers et logistiques, une faible légitimité
démocratique et aucune force de loi, le projet de constitution virtuel ne
pouvant aboutir sur un référendum décisif. S’agit-il pour autant d’un
spectacle, d’un jeu pour souverainistes impatients, d’une tentative de
précipiter un rêve qui ne se matérialisera peut-être jamais ? Pour
répondre à ce réflexe sceptique, il est nécessaire de montrer que la mise en
place d’une telle démarche à partir de la rue et à une large échelle est ce qui
rendra possible sa réalisation dans les urnes. Le pari est le suivant :
avec une large coalition de la société civile, un projet clair, des moyens de
mobilisation suffisants et des circonstances favorables, une assemblée
citoyenne auto-organisée pourrait
initier un vaste mouvement populaire en faveur de l’indépendance, un processus
constituant qui viserait inévitablement sa transposition sur le plan
institutionnel et politique. Des exemples historiques récents montrent
d’ailleurs qu’une telle stratégie, loin d’être farfelue, a permis d’initier des
changements insoupçonnés.
L’exemple de la Fourmilière islandaise
La premier cas de figure renvoie à la « Révolution
des casseroles » islandaise amorcée en octobre 2008. Suite à l’importante
vague de dérèglementation financière et de privatisation du secteur bancaire
instaurée par plusieurs années de gestion néolibérale, ce qui semblait au
départ représenter une grande réussite, le « miracle islandais », se
transformera en cauchemar par l’irruption de la crise financière
internationale : explosion de la dette publique par la décote des agences
de notation, pénurie de crédit, faillite des trois principales banques
commerciales islandaises, qui sont nationalisées et mises sous tutelle, chute
de 50% de la valeur de la monnaie nationale, hausse des prix de 14%,
augmentation de 45% du taux de chômage en un mois, 40% des ménages en accès à
la propriété en rupture de paiement, etc. Un peuple historiquement
« tranquille » s’est alors soulevé massivement pour dénoncer
l’irresponsabilité du gouvernement et l’oligarchie financière, la contestation
populaire provoquant la démission du Premier ministre et la défection de son
gouvernement en janvier 2009, puis l’élection d’un gouvernement provisoire
coalisant les partis progressistes, le Mouvement Gauche-Vert et l’Alliance
social-démocrate. Le premier parti, d’inspiration anti-libérale, écologiste et
féministe, représente l’analogue politique de Québec solidaire, alors que le
second pourrait être vaguement associé au Parti québécois ou au Parti
socialiste français (d’inspiration social-libérale).
C’est dans ce contexte explosif de crise
sociale et de lutte populaire contre l’austérité que l’idée d’une révision
fondamentale de la constitution islandaise a su trouver écho dans la
population. Comme le souligne le journaliste Jérôme Skalsi, cette constitution
était désuète malgré l’indépendance du pays. En effet, l’indépendance ne se
résume pas à un simple statut politique formel (souveraineté nationale), mais à
la nature des lois qui le définissent et qui permettent une réelle souveraineté
populaire. « Adoptée en 1944 au moment de l’indépendance du pays comme une
variante républicaine de la première, copie presque conforme de la constitution
de la monarchie constitutionnelle danoise de 1866, objet de nombreux
amendements constituant autant de jalons de l’histoire de l’Islande vers sa
pleine souveraineté, son inadaptation aux réalités du pays était, en vain,
régulièrement soulignée. »[1]
Si la loi sur l’Assemblée constituante fut
adoptée par le nouveau gouvernement de gauche en juin 2010, cette idée fut d’abord
impulsée un an plus tôt par une coalition de la société civile islandaise
nommée Anthill (la Fourmilière).
« Lancée en juin 2009 et préparée pendant cinq mois, cette réunion
nationale se donnait pour tâche « d’entendre la voix du peuple »
selon ses organisateurs et de dégager les valeurs de base de la société
islandaise. […] Un site internet est créé. Près de 1500 personnes sont lancées
au hasard par mail dans tout le pays. […] Les 1500 participants sont divisés en
162 groupes de discussion composés de neuf personnes. Le débat est vif,
concentré et animé. […]
Son écho populaire sera important. Un rapport
de synthèse des débats est rendu public. La nécessité d’un approfondissement de
la démocratie islandaise par une séparation plus stricte des pouvoirs, la
responsabilité des détenteurs de pouvoir exécutif, l’intervention directe des
citoyens dans la vie politique, par la voie des référendums notamment, ainsi
que le besoin de l’élaboration par le peuple islandais d’une nouvelle
constitution sont, entre autres, soulignées. Prenant appui sur cet événement
réactualisant étonnamment le processus d’élaboration des Cahiers de doléance
rédigés préalablement à la réunion des États généraux de 1789, de même que
certaines des procédures de désignation des magistrats de la démocratie
athénienne (tirage au sort), le gouvernement décide de lancer un partenariat
avec l’Anthill en vue d’engager le
processus de révision constitutionnelle à l’imitation de cette
initiative. »[2]
Bien que l’initiative citoyenne de la
Fourmilière ne représente pas une assemblée constituante en miniature, mais
plutôt une sorte de forum national ou d’événement ponctuel de brainstorming sur les enjeux
démocratiques de la société islandaise, celle-ci a tout de même pu mobiliser
largement la population et faire pression sur le gouvernement pour qu’il mette
en œuvre les réformes exigées, dont un processus constituant basé sur la
souveraineté populaire. On pourrait imaginer la même chose au Québec avec un
mouvement citoyen initié par une foule d’organisations de la société civile
(Conseil de la souveraineté du Québec, Nouveau mouvement pour le Québec,
Institut du Nouveau Monde, etc.) qui lanceraient conjointement une plateforme
non-partisane permettant d’expérimenter, dès maintenant, un processus
délibératif et participatif visant à forger le projet constitutionnel d’un
Québec indépendant.
Le procés constituent catalan
Le deuxième cas de figure est celui du
mouvement citoyen lancé en avril 2013 par l’économiste catalan Arcadi Oliveres
et Teresa Forcades, sœur bénédictine féministe, indépendantiste et
anticapitaliste. Cette « nonne radicale » est selon The Guardian l’une des leaders les plus
franches et atypiques de la gauche européenne.[3] Docteure
en santé publique, cette activiste n’hésite pas à critiquer l’industrie
pharmaceutique, à dénoncer le patriarcat de l’Église catholique en articulant
féminisme et théologie de la libération, et à promouvoir la lutte pour
l’émancipation nationale par l’auto-organisation populaire. Le manifeste
co-écrit par les deux auteurs en témoigne :
« Les signataires appellent la population
de la Catalogne à se joindre à ce manifeste qui a pour objectif le lancement
d’un processus constitutionnel en Catalogne qui permette au peuple catalan de
décider de manière démocratique et pacifique le modèle d’Etat et de pays qu’il
désire. Les mobilisations des deux dernières années ont montré un potentiel
croissant de lutte sociale et un large rejet des politiques qui prétendent
résoudre la crise en récompensant ses responsables directs avec de l'argent, de
la reconnaissance et des privilèges, et en endettant pour la vie la majorité de
la population.
L'actuel modèle économique, institutionnel et
politique, a échoué. Il est urgent de créer ensemble un nouveau modèle
politique et social et cela doit se faire sans répéter les formules du passé,
conscients que le processus ne sera ni facile ni de courte durée. Cela
demandera de l'auto-organisation et une mobilisation sociale continue. C’est
seulement avec la participation active de la population et la mobilisation dans
la rue que l’on pourra garantir un processus de profond changement social. Pour
ce faire, nous devons impulser un ample processus de réflexion et de
convergence, pluraliste et participative, capable de reconnaître, dans leur
compétence et leur diversité, les nombreux collectifs qui travaillent depuis longtemps
pour le changement démocratique et pacifique, et capable de les intégrer dans
une plate-forme unitaire qui cristallise le mécontentement social croissant en
une majorité politique organisée en faveur d'un changement de modèle.
Il s'agit d'initier un processus qui part
de la base, en créant des espaces de rencontre entre le maximum de collectifs
et de personnes dans les quartiers et les villages, afin de construire un
nouvel outil pluriel et diversifié et d'articuler une candidature la plus large
possible pour les prochaines élections au Parlement de Catalogne, dans le but
de défendre la convocation d'une Assemblée Constituante pour définir le nouveau
modèle d’Etat et d’organisation socio-économique que nous voulons.
Notre objectif n'est pas de créer un
nouveau parti politique. Aucune des deux personnes qui présentent ce manifeste
n’a l’intention de se présenter aux élections, mais nous voulons aider à
impulser un processus qui part de la base et qui culmine avec la création d'une
candidature unitaire qui aura comme objectif la convocation de l'assemblée
constituante dont nous avons besoin afin d’élaborer une nouvelle Constitution
pour la République Catalane, de manière qu’il ne soit plus possible dans
l'avenir que les intérêts de quelques-uns l'emportent sur les besoins de la
majorité.
Un
projet de changement social et de rupture avec l'ordre actuel aura à proposer
une série de mesures basiques et d'urgence. Leur définition est une tâche
collective à réaliser par toutes les organisations et les personnes qui
participent à ce processus. Une première liste provisoire, indicative et non
exhaustive, des points à considérer est la suivante :
1.
L'expropriation des banques privées, l’établissement d’une banque publique et
éthique, frein à la spéculation financière, une fiscalité équitable, un audit
de la dette et le non paiement de la dette illégitime.
2.
Des salaires et des retraites dignes, le refus des licenciements, la réduction
de la journée de travail et le partage de tous les travaux, y compris le travail
domestique et de soins non rémunéré.
3.
La démocratie participative, la réforme électorale, le contrôle des élus,
l’élimination des privilèges des hommes politiques et la lutte déterminée
contre la corruption.
4.
Un logement décent pour touts, un moratoire sur les expulsions et rétroactivité
de la récente loi sur la dation du logement en paiement de l’emprunt effectué
pour son acquisition.
5.
Non aux privatisations, annulation de toutes les coupes budgétaires et
renforcement du secteur public sous contrôle social.
6.
Droit à la libre disposition de son corps et non à la violence sexiste.
7.
Reconversion écologique de l'économie, expropriation et socialisation des
opérateurs énergétiques et souveraineté alimentaire.
8.
Droits à la citoyenneté pour tous, non à la xénophobie et abrogation de la
législation sur les étrangers.
9.
Des médias publics sous contrôle démocratique, logiciels et réseaux libres, dé-marchandisation
de la culture.
10.
Solidarité internationale, non à la guerre, et pour une Catalogne sans armée et
hors de l'OTAN.
Nous
sommes à la croisée des chemins, un moment historique où il est nécessaire de
faire un pas en avant et de rassembler les forces. Nous appelons la population
de la Catalogne à signer ce Manifeste et aider à construire ensemble cette
initiative de changement en faveur d'un modèle social, économique et politique,
égalitaire et participatif qui refuse de séparer la Liberté de la Justice et de
la Solidarité. »[4]
Le cafouillage électoral
Cet exemple catalan correspond davantage à
la situation politique québécoise que le cas islandais, où le statut politique
de l’Islande n’était pas remis en question. Il faut certes éviter de transposer
trop schématiquement le contexte catalan sur celui du Québec, le premier étant
caractérisé par une montée historique du mouvement indépendantiste et une crise
sociale et économique beaucoup plus prononcée qu’en Amérique du Nord. Or, il
est intéressant de souligner l’étroite articulation entre le processus
constituant, la lutte pour l’émancipation nationale, le projet de
transformation sociale et les nouvelles formes d’auto-organisation visant à
intégrer ces dimensions par le pouvoir populaire.
Suite à la publication de leur manifeste,
Teresa Forcades et Arcadi Oliveres lancèrent l’initiative Procés Constituent afin de mobiliser la population à travers des
assemblées territoriales et sectorielles, le réseautage de citoyens et
d’associations de la société civile. Cette forme d’organisation, à mi-chemin
entre les mouvements sociaux et le parti politique, vise à présenter des
candidatures aux prochaines élections régionales et municipales, les
municipalités étant perçues comme des lieux de réappropriation du pouvoir
citoyen et de changement social, ainsi qu’un levier pour le projet libération
nationale[5]. Il faut
d’ailleurs noter la parenté entre cette récente initiative et l’Assemblea Nacional Catalana[6], large
organisation citoyenne lancée en 2011 et structurée sous formes d’assemblées
locales, initiant de vastes campagnes de mobilisation populaire avec l’aide de Municipis Independencia, association des
municipalités pour l’indépendance.[7].
La principale différence entre les
différentes organisations nationalistes et indépendantistes catalanes et le
mouvement Procés Constituent réside
dans la promotion spécifique de l’assemblée constituante comme stratégie de
réappropriation des institutions politiques, alors que les premières militent
essentiellement en faveur de la consultation référendaire qui aura lieu le 9
novembre 2014. Ces stratégies ne sont pas incompatibles, loin de là, et elles
peuvent s’alimenter en redonnant au peuple l’énergie et la volonté de
s’auto-déterminer en changeant la façon dont la société est gouvernée. Le seul
problème réside dans la multiplication et la confusion des initiatives qui se marchent
parfois sur les pieds.
Par exemple, la Candidatura Unitat Popular (CUP)[8], parti
de gauche anticapitaliste, indépendantiste et municipaliste qui existe depuis
1999, a obtenu 106 élus municipaux en 2011 et 3 députés à la Generalitat en 2012. La CUP est
« concurrencée » par le parti espagnol Podemos, qui a obtenu un score impressionnant aux dernières
élections européennes et prévoit proposer des candidatures aux prochaines
élections municipales et régionales. Avec l’arrivée récente de Procés Constituent, et l’existence d’autres
partis comme les écolo-communistes du parti Iniciativa
per Catalunya Verds (ICV), proche de la Gauche unie espagnole, nous pouvons
constater une fragmentation qui caractérise trop souvent la gauche radicale qui
s’éparpille en petites chapelles protégeant leur idiosyncrasie. Les prochaines
élections municipales catalanes feront inévitablement l’objet de nombreuses
négociations locales, et il ne serait pas étonnant, et même très utile, de voir
émerger un « Front de gauche indépendantiste » avec un programme
commun, axé sur la transformation sociale, la démocratie radicale,
l’indépendance nationale et la décentralisation du pouvoir vers les
municipalités.
Retour au Québec : une
stratégie post-partisane
Comment peut-on s’inspirer des expériences
islandaise et catalane, tout en adaptant l’idée d’assemblée constituante dans
le contexte québécois de 2014-2015 ? Il faut d’abord noter que le
programme de Québec solidaire proposait déjà une stratégie qui dépassait
largement la campagne « Pays de projets »[9] lancée
en 2010, qui ne représentait en fait que la première phase d’un vaste mouvement
social. Cette campagne visait à faire connaître la proposition originale du
parti sur la question nationale, en mélangeant éducation populaire,
communication politique et influence idéologique du mouvement souverainiste.
Cette première phase a tout de même porté certains fruits, si nous remarquons
notamment que le Conseil sur la souveraineté du Québec publiera vers la fin
août un rapport portant directement sur la démarche constituante et la
souveraineté populaire. La forte popularité de l’idée d’assemblée constituante
au sein du mouvement souverainiste aurait été impensable quelques années
auparavant.
Il est maintenant temps de relire la
stratégie initiale du parti de gauche indépendantiste, qui pourrait donner à
l’assemblée constituante sa pleine portée et relancer dès maintenant la lutte
pour l’émancipation nationale au-delà de quelques campagnes de marketing
politique comme « avoir le goût du pays, c’est pas juste manger de la
poutine »[10].
Il s’agit de sortir du cadre partisan pour créer un réel mouvement
auto-organisé qui pourra prendre les rênes du processus constituant. La
création préalable d’une assemblée constituante crédible, expérimentée,
popularisée, revendiquée et déterminée permettra alors, dans un second temps
seulement, de former un tremplin électoral pour la prise du pouvoir d’État.
« Parler
d’Assemblée constituante, ce n’est pas poser abstraitement un nouveau chemin
vers la souveraineté du Québec. C’est proposer de discuter, de la manière la
plus démocratique et la plus large possible, des mécanismes essentiels pour
assurer la défense du bien commun, pour articuler le projet d’indépendance
politique et les revendications sociales. […] Québec solidaire visera
graduellement à construire une alliance démocratique, sociale et nationale pour
regrouper l’ensemble des forces syndicales, populaires, féministes, étudiantes,
écologistes et les partis souverainistes autour de la reconnaissance de la
souveraineté populaire qui se concrétisera par l’élection d’une Assemblée
constituante.
La
stratégie de Québec solidaire consistera à mettre en route et développer une
véritable démarche citoyenne afin que toutes et tous soient associés à la
détermination de notre avenir collectif. La popularisation de l'idée de
constituante devra être préparée par la mise sur pied, aux niveaux local ou
régional à la grandeur du Québec, d’une démarche de démocratie participative.
Cette démarche permettra aux citoyennes et aux citoyens de s’exprimer et de
discuter ensemble, de manière à ce que se constitue peu à peu un large appui au
sein de la population. Une telle démarche peut s’amorcer avant l’élection d’un
gouvernement proposant l’élection d’une constituante et elle devra se
poursuivre après cette élection tout en étant soutenue financièrement par ce
gouvernement.
Pour être légitime, le processus devra être
profondément démocratique, transparent et transpartisan. La campagne électorale
qui mènera un parti ou une alliance fondée sur l’Assemblée constituante au
pouvoir devra mettre de l’avant l’obtention d’un mandat pour l’élection d’une
Assemblée constituante qui représente pour Québec solidaire le moyen
d’accession à l’indépendance et de transformation de la société, processus dont
cette campagne ne sera qu’une première étape. »[11]
Le mouvement indépendantiste a donc une
tâche historique à mettre en œuvre dès maintenant pour se donner une chance
d’amorcer une rupture dès 2018 ou 2022, si la conjonction des circonstances
favorables et de la volonté collective, d’une crise sociale et d’une
alternative politique, seront réunis à ce moment précis. Si nous ne pouvons pas
prévoir l’avenir ou influencer directement l’évolution de la conjoncture
internationale, nationale et locale, nous pouvons développer les idées et les
moyens de mobilisation, le pouvoir idéologique et les outils pratiques qui nous
permettront d’agir sur le kairos, le
temps de l’occasion opportune qui représente l’objet de l’action politique par
excellence, l’art stratégique qui consiste à saisir le point de basculement
décisif.
Jonathan, que penses-tu de cette initiative?
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/events/1470013139907328/
L'intention est bonne et correspond de manière générale à l'initiative proposée dans cet article. Le problème, c'est le manque d'ancrage dans les groupes et associations de la société civile qui pourraient permettre une réelle mobilisation populaire et une expérimentation aux allures "professionnelles", qui permettrait de donner une réelle crédibilité au mouvement. Pour l'instant, il s'agit d'une initiative individuelle lancée sur une page Facebook, et j'ai bien hâte de voir les prochaines étapes de développement du projet. C'est donc une initiative à surveiller et à appuyer, mais je doute qu'elle permette de lancer l'idée d'assemblée constituante de manière massive dans la population.
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