L’hypothèse municipaliste : de la Commune au communalisme kurde
La République contre l'État (partie 3)
Si dans le texte précédent nous appelions à dépasser le
républicanisme classique pour envisager la constitution d’une République
« pas comme les autres » où pourrait s’exercer une véritable
souveraineté populaire par-delà le gouvernement représentatif, comment
pouvons-nous imaginer la formation de nouvelles institutions qui ne tombent pas
dans l’écueil de l’État-nation ? Le « municipalisme » est le nom
que nous donnons à toute théorie et pratique qui fait de la municipalité ou de
la commune le cœur d’une transformation démocratique de la vie sociale,
économique et politique. Il ne s’agit pas ici d’une idée radicalement neuve,
car elle condense une riche tradition politique présente dans plusieurs pays du
monde et différentes époques historiques : Cité athénienne, communes
médiévales, sections parisiennes de la Révolution française, town meetings de la Nouvelle-Angleterre,
etc.
Le municipalisme se veut davantage général et inclusif
que la variante libertaire théorisée par Murray Bookchin (municipalisme
libertaire qu’il rebaptisa communalisme vers la fin de sa vie pour se
distinguer de l’anarchisme dogmatique), notamment par l’intégration de
perspectives méconnues comme le socialisme municipal de Brousse, les Narodniks
(populisme agraire russe), le municipalisme indépendantiste catalan, la
république paysanne germanique (Bauernrepublik), la réforme des panchayats au
Kerala, l’autogouvernance locale de Gandhi (Gram swaraj), etc. Toutes ces
expérimentations sont basées sur les principes d’autogouvernement, de
démocratisation et de décentralisation qui permettent aux habitants de gérer
directement les affaires publiques. Le municipalisme repose donc sur la participation
citoyenne directe et la relocalisation des décisions collectives qui ont été
graduellement accaparées par un gouvernement centralisé. Cette perspective
permet de distinguer clairement deux idées qui ont été trop souvent confondues,
à savoir la communauté politique et
l’État.
Pour Bookchin, il est essentiel de distinguer le « champ social »
correspondant au domaine privé (qui inclut la production et la vie économique),
le champ politique comme espace public de délibération et de décision collective,
et l’État en tant qu’appareil professionnel de contrainte dirigé par les politiciens, la bureaucratie,
la police, l’armée, etc. « C’est seulement quand la contrainte est
institutionnalisée sous la forme d’un contrôle social professionnel,
systématique et organisé – c’est-à-dire lorsque des individus sont arrachés à
la vie normale d’une communauté non seulement pour administrer celle-ci, mais
encore pour le faire avec le soutien d’un monopole de la violence – que l’on
peut parler d’État au sens propre. […] Aujourd’hui encore, nous avons tendance
à confondre allègrement « art de gouverner » [statecraft], politique et société, alors que ces notions devraient
être soigneusement distinguées les unes des autres. […] Les Athéniens ont
inventé la politique : l’administration
directe des affaires publiques par l’ensemble d’une communauté. »[1]
C’est en ce sens que nous devons comprendre cette
affirmation mystérieuse de Fernand Dumont pour qui « le projet de
souveraineté du Québec vise à l’édification d’une communauté politique et non d’un État-nation »[2]. Sans tomber dans la critique facile des
fonctionnaires et la bureaucratie d’État, le sociologue souligne la
déresponsabilisation des institutions et le manque d’imputabilité des
dirigeants qui découlent du gigantisme institutionnel. « La situation
actuelle frise la caricature : un ministre est censé être le seul
responsable devant l’Assemblée nationale de toute mesure arrêtée dans son
ministère, c’est-à-dire dans un organisme le plus souvent énorme où des décisions
multiples sont prises chaque jour et dont un grand nombre échappent non
seulement à sa vigilance mais à sa compétence. Ce principe de responsabilité
exclusive pouvait avoir quelque fondement au temps ancien où la taille de
l’État était réduite, mais il ne subsiste aujourd’hui que par une fiction
abusive. Il en résulte un filtrage de l’information et une opacité des
décisions. »[3]
Pour surmonter cette difficulté, il faut éviter le double
écueil du laissez-faire néolibéral et du dirigisme social-démocrate, le premier
préconisant la privatisation des services publics et l’introduction de
mécanismes de marché, le second protégeant les prérogatives des technocrates
dans l’administration de l’appareil d’État. Dumont nous invite à envisager une planification démocratique et décentralisée
qui n’a rien à voir avec la centralisation bureaucratique.
« Planification : le mot n’est plus guère à la mode. C’est dommage.
Car pour la démocratie sociale, les grands objectifs de la collectivité doivent
être ouvertement posés. […] Le plan n’est pas un secret de spécialistes ;
c’est l’ensemble des contraintes et des choix d’un projet de société. Il
éclaire les enjeux, départage des intérêts, indique des cheminements. Quand la
politique est livrée à l’improvisation, lorsqu’elle feint de ne pas s’immiscer
dans les conflits ou les complicités des groupes, c’est que son action s’exerce
en secret. […] Au contraire, la planification en appelle à l’initiative de tous
plutôt que d’en dispenser le plus grand nombre ; parce qu’elle décrit
ouvertement les intentions et les obstacles, elle un instrument indispensable à
la participation des citoyens. »[4]
Ce recadrage des enjeux sociopolitiques permet de
dépasser la dichotomie gauche/droite et le clivage souverainiste/fédéraliste
par un antagonisme plus fondamental, opposant démocratie et oligarchie, pouvoir
citoyen et domination de la caste. La « question sociale » qui
s’attaque aux contradictions du système économique, tout comme la
« question nationale » qui cherche à surmonter les contradictions du
régime politique, ne sont pas pour autant résolues ou écartées ; elles
sont resituées à l’intérieur de la « question démocratique » qui a
pour principe central non pas la justice sociale ou l’indépendance nationale,
mais la souveraineté populaire. À l’heure des mesures d’austérité qui
s’accompagnent d’un démantèlement des institutions de développement local et
régional et d’une importante centralisation des pouvoirs dans les mains de
l’État, des industries extractives et des multinationales, le terrain municipal
paraît tout indiqué pour renforcer les capacités d’action des citoyens et
l’institution d’une nouvelle communauté politique qui ne soit dominée par l’art
de gouverner mais fondée sur l’autogouvernement populaire.
« Ce qu’on a appelé jusqu’ici politique a été,
presque toujours, un mélange dans lequel la part de la manipulation, qui traite
les hommes comme des choses à partir de leurs propriétés et de leurs réactions
supposées connues, a été dominante. Ce que nous nommes politique révolutionnaire
est une praxis qui se donne comme objet l’organisation et l’orientation de la
société en vue de l’autonomie de tous et reconnaît que celle-ci présuppose une
transformation radicale de la société qui ne sera, à son tour, possible que par
le déploiement de l’activité autonome des hommes. »[5]
Leçons de la Commune
Comme une analyse détaillée du projet municipaliste ne
saurait être entreprise convenablement dans un simple billet de blogue, ce
chantier théorique sera exploré en profondeur dans un livre à paraître au
printemps 2016. Pour le moment, nous voudrions évoquer deux expérimentations
historiques de cette tendance politique, soit la Commune de Paris et le
confédéralisme démocratique kurde au début du XXIe siècle. Tout
d’abord, il est utile de rappeler les écrits de Karl Marx sur la Commune dans
son fameux texte La Guerre civile en
France (1871). Si ce texte propose de faire le commentaire d’un commentaire
de la Commune, c’est pour mieux dégager la pertinence actuelle de cette
tradition révolutionnaire, laquelle représente une merveilleuse boîte à outils
pour ouvrir l’imagination politique sur les enjeux de notre temps. Les
intuitions fécondes de cette analyse d’un épisode marquant du mouvement ouvrier
tracent les grandes lignes de la « forme politique enfin trouvée »
pouvant éventuellement remplacer la forme dominante des États modernes.
L’objectif ici n’est pas de démontrer que la Commune
représente la panacée de tous les problèmes sociaux, mais de montrer qu’il
s’agit d’une alternative désirable, viable et réalisable – du moins pendant une
courte période historique (72 jours) – avant que celle-ci ne soit écrasée
violemment par le gouvernement de Thiers lors de la semaine sanglante de mai
1871, où près de 30 000 communards furent fusillés par l’armée versaillaise.
Ainsi, la Commune n’est pas morte sous le poids de ses contradictions internes,
mais à cause de la répression brutale de l’État qui voulait l’empêcher de
s’imposer comme forme institutionnelle de la liberté politique. Comme le
rappelle Spinoza, la mort vient toujours du dehors.
Contrairement aux tendances marxistes-léninistes qui sont
restées rivées sur le Manifeste du Parti communiste qui concevait la conquête
du pouvoir d’État et la centralisation des moyens de production comme le premier
pas de la révolution, Marx révisa sa position en tirant les leçons historiques
de la Commune. « Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de
prendre tel quel l'appareil d'État et de le faire fonctionner pour son propre
compte. Le pouvoir centralisé de l'État, avec ses organes, partout
présents : armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature,
organes façonnés selon un plan de division systématique et hiérarchique du
travail, date de l'époque de la monarchie absolue, où il servait à la société
bourgeoise naissante d'arme puissante dans ses luttes contre le féodalisme.
Cependant, son développement restait entravé par toutes sortes de décombres
moyenâgeux, prérogatives des seigneurs et des nobles, privilèges locaux,
monopoles municipaux et corporatifs et Constitutions provinciales. Le gigantesque
coup de balai de la Révolution française du XVIIIe siècle emporta tous ces restes des temps
révolus, débarrassant ainsi, du même coup, le substrat social des derniers
obstacles s'opposant à la superstructure de l'édifice de l'État moderne. »[6]
Marx critiquait dès lors l’illusion, aujourd’hui
largement répandue au sein de la gauche, qu’un gouvernement progressiste
pourrait simplement utiliser les leviers de l’État, à coups de réformes et de
répartition de la richesse, afin d’en faire bénéficier la majorité sociale.
Cela est d’autant plus vrai dans le contexte canadien où les institutions
parlementaires héritées du régime britannique sont loin d’être un exemple de
modernisation. Une véritable transformation de la société ne saurait se
réaliser à travers les institutions politiques existantes, que l’État prenne la
forme d’une monarchie constitutionnelle, du Second Empire, d’une République
parlementaire ou présidentielle. Après la défaite française de la guerre
franco-prussienne de 1870, les Parisiens ne se contentèrent pas de contester
l’ordre établi ou d’expérimenter des modes de vie alternatifs – dans une logique de contre-pouvoir aujourd’hui à
la mode dans les milieux radicaux – mais s’organisèrent pour créer de nouvelles
institutions contre l’État. Face à la
fausse alternative entre la gestion naïve de l’appareil étatique du courant
social-démocrate et le refus complet du pouvoir institutionnel de la mouvance
anarchiste, la perspective municipaliste propose de dépasser la forme
historique de l’État moderne par l’auto-gouvernement communal. Au-delà de la
perspective de la « puissance destituante » qui s’enferme dans le
moment négatif de l’insurrection, il s’agit d’embrasser le moment positif du
« pouvoir constituant » afin d’instituer de nouvelles formes sociales
émancipatrices. Comme le note le communard Arthur Arnould :
« [Après janvier 1871] Paris n’avait plus de
gouvernement. Les hommes de l’Hôtel de Ville étaient pris à Bordeaux ;
l’armée était peu estimée et sans armes ; les généraux universellement
méprisés. Aucune police dans les rues. […] Nous n’avions qu’un pouvoir anonyme,
représenté par M. Tout le monde. […]
Paris avait donc appris le mépris absolu des deux seules formes de
gouvernementales qui eussent été jusqu’alors en présence dans notre pays :
- La monarchie et la République oligarchique ou bourgeoise. […] C’est que la
Commune de Paris fut plus et autre chose qu’un soulèvement. Elle fut
l’avènement d’un principe, l’affirmation d’une politique. En un mot, elle ne
fut pas seulement une révolution de plus,
elle fut une révolution nouvelle,
portant dans les plis de son drapeau tout un programme général et
caractéristique. Et son drapeau était
celui de la République universelle. »[7]
L’expression énigmatique de « République
universelle » peut faire sourciller à première vue, car elle indique un
changement de paradigme. Il ne s’agit pas d’une négation abstraite de l’État
réellement existant, mais du dépassement positif de la République oligarchique
par l’incarnation concrète de l’idéal républicain qui visait l’instauration
d’une souveraineté populaire et du pouvoir citoyen dans toutes les sphères de
la société. La Commune n’est donc pas le
contraire de la République, mais la vraie République contre l’État.
« L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune. Si le prolétariat de
Paris avait fait la révolution de Février au cri de « Vive la République
sociale », ce cri n’exprimait guère qu’une vague aspiration à une République
qui ne devait pas seulement abolir la forme monarchique de la domination de
classe, mais la domination de classe elle- même. La Commune fut la forme
positive de cette République. »[8]
Après s’être débarrassé de l’armée qui fut remplacée par
une garde nationale majoritairement composée d’ouvriers, les élections
municipales du 26 mars sélectionnèrent les 92 membres du Conseil de la Commune.
Un scrutin réellement représentatif permit l’élection d’une vingtaine de
candidatures « modérées » issues des classes aisées, lesquelles démissionnèrent
rapidement pour laisser place aux candidatures citoyennes et populaires issues
de divers milieux : 25 ouvriers, 12 artisans, 4 employés, 6 commerçants, 3
avocats, 3 médecins, 1 pharmacien, 1 vétérinaire, 1 ingénieur, 1 architecte, 2
artistes peintres et 12 journalistes. Toutes les tendances politiques étaient
représentées, dont une majorité de jacobins, blanquistes et indépendants
(avant-gardes, adeptes de la centralisation et l’insurrection), et une minorité
de radicaux, collectivistes et proudhoniens (partisans de la décentralisation,
l’autonomie municipale et la République sociale). Outre cette diversité sociale
et idéologique, les élus de la Commune n’étaient pas des politiciens
professionnels ou des « représentants » au sens classique du terme,
mais des commissaires du peuple, redevables et étroitement contrôlés
démocratiquement.
« La Commune fut composée des conseillers municipaux,
élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils
étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres
était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe
ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un
corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être
l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de
ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune,
responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les
fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les
membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait
être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les
indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec
ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la
propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration
municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise
aux mains de la Commune. »[9]
La question du salaire ouvrier est centrale, car elle
rompt avec les privilèges, les comptes de dépenses et les indemnités indécentes
de la classe politique qui sévit toujours à notre époque. À titre d’exemple contemporain
de cet esprit communard, la nouvelle mairesse de Barcelone, Ada Colau, a décidé
de diminuer son salaire à 2200€ par mois, en remplaçant ainsi le 12000€ de
l’ancien maire nationaliste et conservateur. Il s’agit à la fois de bon sens,
de décence, de vertu civique et de réduction du fardeau fiscal des classes
moyennes et populaires. Par ailleurs, il ne s’agit pas de privatiser les
services publics ou de miner les conditions de travail des employés municipaux,
mais de socialiser les fonctions
étatiques pour les rendre plus légitimes, justes, démocratiques et viables
économiquement. « La Commune a réalisé ce mot d’ordre de toutes les
révolutions bourgeoises, le gouvernement à bon marché, en abolissant ces deux grandes
sources de dépenses : l’armée et le fonctionnarisme d’État. […] Elle
fournissait à la République la base d'institutions réellement démocratiques.
Mais ni le « gouvernement à bon marché », ni la « vraie
République » n’étaient son but dernier ; ils n’étaient guère que son
corollaire. »[10]
Les nombreuses réformes sociales de la Commune permirent
des avancées réelles dans une foule de domaines : droit de travail des
femmes, équité salariale, reconnaissance de l’union libre, gratuité des actes
notariaux, laïcité dans les écoles et les hôpitaux, liberté de presse,
abolition du travail de nuit pour les compagnons boulangers, journée de travail
de 10 heures, remise aux coopératives des ateliers et fabriques fermées ou
abandonnées par les propriétaires, délai de trois ans pour le règlement des
dettes et des échéances, pensions pour les blessés, veuves et orphelins des
gardes nationaux tués au combat, réquisition des logements vacants au profit
des sinistrés, création de cantines municipales, distribution gratuite de
pains, rigueur budgétaire dans un contexte de ville assiégée, etc. Marx
souligne aussi ce qu’il considère comme la principale réussite de cette
expérimentation collective sans précédent dans l’Histoire : « La
grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence et son action.
Ses mesures particulières ne pouvaient qu’indiquer la tendance d’un
gouvernement du peuple par le peuple. »[11]
La plus grande innovation de la Commune est sans doute la
« révolution démocratique » qui la caractérise, une démocratie
directe portée par une citoyenneté active qui rompt avec la logique du
gouvernement représentatif. L’appel du 22 mars du Comité central de la Garde
nationale affirme que « les membres de l’assemblée municipale, sans cesse
contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et
responsables » et que leur mandat est impératif[12]. Cette radicalisation
de la démocratie implique une extension de la citoyenneté aux étrangers comme
l’indique le préambule suivant : « Considérant que le drapeau de la Commune
est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le
droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent… »[13]
Le municipalisme est donc intimement lié à
l’internationalisme dont il constitue l’incarnation concrète. Il ne s’agit pas
ici du cosmopolitisme libéral des élites mondialisées qui se pavanent dans les
villes globales, où « la spéculation financière célébra des orgies
cosmopolites ; la misère des masses faisait un contraste criant avec l'étalage
éhonté d'un luxe somptueux, factice et crapuleux »[14]. Il est plutôt
question d’une véritable solidarité internationale, dont l’expression n’est pas
d’abord celui d’une bourgeoisie nationale mais d’un gouvernement municipal,
populaire et inclusif composé de candidatures citoyennes issues de différents
pays.
« Si la Commune était donc la représentation
véritable de tous les éléments sains de la société française, et par suite le
véritable gouvernement national, elle était en même temps un gouvernement
ouvrier, et, à ce titre, en sa qualité de champion audacieux de l’émancipation
du Travail, internationale au plein sens du terme. Sous les yeux de l’armée prussienne
qui avait annexé à l’Allemagne deux provinces françaises, la Commune annexait à
la France les travailleurs du monde entier. Le Second Empire avait été la
grande kermesse de la filouterie cosmopolite, les escrocs de tous les pays s’étaient
rués à son appel pour participer à ses orgies et au pillage du peuple français.
En ce moment même le bras droit de Thiers est Ganesco, crapule valaque, son
bras gauche, Markovski, espion russe. La Commune a admis tous les étrangers à
l’honneur de mourir pour une cause immortelle. Entre la guerre étrangère perdue
par sa trahison, et la guerre civile fomentée par son complot avec l’envahisseur
étranger, la bourgeoisie avait trouvé le temps d’afficher son patriotisme en
organisant la chasse policière aux Allemands habitant en France. La Commune a
fait d’un ouvrier allemand son ministre du Travail. »[15]
Néanmoins, il ne faut pas conclure pour autant que la
République sociale et internationale implique le rejet expéditif de la nation,
la Commune permettant de faire la synthèse du local et du global sans
médiation. Comme le note encore Marx, cette expérimentation collective n’était
pas destinée à restée localisée sur un territoire restreint, le
« socialisme dans une seule ville » étant une idée absurde. Bien au
contraire, la Commune était « une forme politique tout à fait susceptible
d’expansion ». Il s’agit évidemment de spéculation et de politique
fiction, mais il est intéressant d’imaginer ce qu’aurait pu devenir la Commune
si elle n’avait pas été écrasée de façon aussi précoce avant d’avoir exprimé
son plein potentiel. La perspective municipaliste n’a de sens qu’à travers
l’horizon du « peuple constitué en communes », à travers une
organisation pan-municipale d’une République sans précédent, une Commune des
communes.
« Dans une brève esquisse d’organisation nationale
que la Commune n’eut pas le temps de développer, il est dit expressément que la
Commune devait être la forme politique même des plus petits hameaux de campagne
et que dans les régions rurales l’armée permanente devait être remplacée par
une milice populaire à temps de service extrêmement court. Les communes rurales
de chaque département devaient administrer leurs affaires communes par une
assemblée de délégués au chef-lieu du département, et ces assemblées de
département devaient à leur tour envoyer des députés à la délégation nationale
à Paris ; les délégués devaient être à tout moment révocables et liés par le
mandat impératif de leurs électeurs. Les fonctions, peu nombreuses, mais importantes,
qui restaient encore à un gouvernement central, ne devaient pas être
supprimées, comme on l’a dit faussement, de propos délibéré, mais devaient être
assurées par des fonctionnaires de la Commune, autrement dit strictement
responsables. L’unité de la nation ne devait pas être brisée, mais au contraire
organisée par la Constitution communale ; elle devait devenir une réalité par
la destruction du pouvoir d’État qui prétendait être l’incarnation de cette
unité, mais voulait être indépendant de la nation même, et supérieur à elle,
alors qu’il n'en était qu’une excroissance parasitaire. »[16]
C’est pourquoi la théorie municipaliste – dont la Commune
constitue l’exemple historique le plus frappant – représente non pas la négation mais la résolution optimale de la question nationale. L’objectif de se
doter d’un « État complet » a été le leurre dans lequel s’est
fourvoyé le mouvement souverainiste depuis ses débuts, cet appareil séparé et
supérieur à la nation n’étant qu’une fausse unité empêchant celle-ci de se
gouverner. Alors que l’État-nation se contente d’une souveraineté nationale
formelle qui laisse le peuple à la marge des lieux de décision, la Commune rend
possible une véritable souveraineté populaire qui permet à l’ensemble des
membres d’une nation libre d’exercer leur liberté. Comme le rappelle Alexis De
Tocqueville, « c’est dans la commune que réside la force des peuples
libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles
primaires sont à la science ; elles la mettent à la portée du peuple. Sans
institutions communales une nation peut se donner un gouvernement libre, mais
elle n’a pas l’esprit de la liberté. »[17]
Pour résumer, la Commune représente la synthèse de la
question sociale et nationale par l’incarnation d’une nouvelle République
débarrassée de la vieille peau de l’appareil bureaucratique, centralisé et
séparé du gouvernement représentatif. « La Constitution communale aurait
restitué au corps social toutes les forces jusqu’alors absorbées par l’État
parasite qui se nourrit sur la société et en paralyse le libre mouvement. Par
ce seul fait, elle eût été le point de départ de la régénération de la France. »[18]
Il y aurait sans doute beaucoup plus à dire sur cette expérience historique,
mais il est intéressant de noter les influences souterraines du paradigme
municipaliste qui réapparaît aujourd’hui sur un terrain inattendu, au pays des
Kurdes, le plus grand peuple sans État.
Le communalisme kurde
Le Kurdistan est une région géographique et culturelle
qui s’étend sur quatre États : l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie.
Bien que la dissolution de l’Empire ottoman aurait pu permettre la création
d’un État kurde, ce peuple longtemps opprimé de 35 millions d’habitants se
retrouve aujourd’hui sans institutions politiques bien à lui. En 1978, le
militant Abdullah Öcalan fonde le Parti des travailleurs kurdes (PKK), une
organisation armée privilégiant un mouvement de guérilla d’orientation
marxiste-léniniste. Cherchant à conjuguer lutte de libération nationale et
combat pour l’émancipation sociale, le PKK visait à l’origine l’indépendance
des territoires kurdes et la création d’un nouvel État-nation. En opposition
armée avec la Turquie depuis 1984, le PKK se retrouve sans chef en 1999 ;
Öcalan est capturé par les services secrets turcs et condamné à la prison à
perpétuité pour avoir dirigé une organisation « terroriste ». C’est
lors de son séjour en prison qu’il découvre le municipalisme libertaire et
correspond avec Murray Bookchin qui aura une influence déterminante sur sa
pensée.
Öcalan développe alors une interprétation originale du
municipalisme permettant repenser la question nationale kurde dans une
perspective anti-étatiste. « On dit souvent que l’État-nation se soucie du
sort du peuple. Ceci est faux. Il s’agit plutôt d’un gouverneur national au
sein du système capitaliste mondial, un vassal de la modernité capitaliste, qui
est beaucoup plus profondément lié aux structures dominantes du capital qu’on
ne le croit. Il s’agit d’une colonie du capital. Aussi nationaliste qu’il se
montre, l’État-nation sert toujours dans une même mesure les processus
capitalistes de l’exploitation. Rien d’autre ne peut expliquer les terribles
guerres de redistribution vécues à l’époque de la modernité capitaliste. Ainsi,
l’État-nation n’est pas avec le peuple – il est son ennemi. »[19]
S’il rejette l’État-nation et le nationalisme pour des
raisons éthiques et politiques, c’est pour repenser autrement le principe
d’auto-détermination et la souveraineté des peuples. De plus, cette perspective
ne repose pas sur une transposition abstraite du municipalisme libertaire, mais
sur une analyse concrète de la situation kurde. Il s’agit donc d’une proposition
basée sur des considérations morales et stratégiques visant à définir les
meilleurs moyens pour libérer le peuple kurde de l’oppression. « Depuis
des décennies, les Kurdes luttent non seulement contre l’oppression exercée par
les puissances dominantes et pour la reconnaissance de leur existence, mais
également dans le but de libérer leur société de l’emprise du féodalisme. Il
serait donc illogique de se libérer pour s’enchaîner à nouveau, voire même
augmenter l’oppression. Dans le contexte de la modernité capitaliste, c’est
pourtant à cela qu’équivaudrait la fondation d’un État-nation. […] Par
conséquent, la solution à la question kurde se trouve dans une approche visant
à affaiblir ou à repousser la modernité capitaliste. Les raisons historiques, les
caractéristiques sociales et les évolutions concrètes relatives à cette
question, ainsi que l’extension de la zone de peuplement des Kurdes sur le
territoire de quatre pays ; tout ceci rend d’autant plus indispensable une
solution démocratique. »
Öcalan baptiste son alternative politique
« confédéralisme démocratique », également connu sous le nom de
communalisme kurde. Il s’agit d’un projet fondé sur la démocratie
participative, délibérative, active, inclusive et directe, celle-ci permettant
l’auto-gouvernement et la solidarité des communautés locales. « Le
confédéralisme démocratique est fondé sur la participation de la population, et
ce sont les communautés concernées qui y maîtrisent le processus décisionnel.
Les niveaux les plus élevés ne sont présents qu’afin d’assurer la coordination
et la mise en œuvre de la volonté des communautés qui envoient leurs délégués
aux assemblées générales. Pour assurer un gain de temps, ils font office à la
fois de porte-parole et d’institution exécutive. Cependant, le pouvoir
décisionnel de base est dévolu aux institutions populaires. »[20]
Le confédéralisme démocratique implique également un
principe robuste de justice sociale, lequel se traduit notamment par l’égalité
des sexes et des genres, ainsi qu’un modèle économique alternatif basée sur la
coopération, l’écologie et la satisfaction des besoins humains. Il s’agit en
quelque sorte de marier démocratie, socialisme, écologie et féminisme dans une
nouvelle synthèse à la hauteur des défis du XXIe siècle. Renonçant à
l’idéologie marxiste-léniniste, le PKK adopte le programme
confédéral-démocratique en juin 2005, lequel aura une profonde influence sur
des groupes politiques connexes. Par exemple, l’autonomie kurde acquise dans la
région du Rojava en Syrie en 2012 permit au Parti de l’union démocratique (PYD)
d’amorcer une expérimentation démocratique hors de l’ordinaire, combinant
autogestion et création d’assemblées populaires décisionnelles associées à des
conseils municipaux représentatifs de la diversité culturelle (les trois
officiers supérieurs devant inclure un Kurde, un Arabe, un chrétien assyrien ou
arménien, dont au moins une femme)[21]. Fait intéressant à noter, le PKK et le
PYD sont actuellement les fers de lance de la lutte contre l’État islamique,
notamment par l’action des unités féminines armées devenues un symbole
médiatique lors des batailles de Kobané. Comme dans l’expérience de la Commune
de Paris, la révolution municipaliste met toujours l’émancipation des femmes au
premier plan.
Du côté du Kurdistan turc, le « bras
politique » et non-violent du PKK se développe à travers des formations
comme le Parti de la paix et la démocratie (BDP), lequel marie justice sociale,
féminisme, écologie politique, autonomie démocratique et résolution pacifique
de la question kurde. Le BDP se concentre notamment dans les municipalités des
régions kurdes, le seuil électoral de 10% limitant considérablement la
représentation du peuple kurde au sein de l’Assemblée nationale turque.
« En 1999, la municipalité de Diyarbakır est gagnée par le mouvement
kurde. D’élection en élection, la tendance s’accentue et plus d’une centaine de
mairies de la région sont aujourd’hui BDP. En s’institutionnalisant, le bras
politique du mouvement kurde obtient de réels changements sociaux comme
l’avènement des co-maires. « Un homme et une femme sont à la tête de ces
mairies », explique Mme Kisanak, co-maire de Diyarbakır. « Nous
développons cette formule de binôme à tous les services de la mairie pour que
la présence de la femme soit bien visible. »[22]
En fait, le mouvement politique kurde représente
maintenant l’avant-garde des avancées sociales et démocratiques au
Moyen-Orient, et en Turquie plus spécifiquement. Alors que le gouvernement
conservateur et autoritaire d’Erdogan continue à imposer sa mainmise sur une
société en pleine mutation culturelle, la « question kurde » est en
train d’opérer un changement des mentalités. « « Kurde » n’est
plus systématiquement accolé au mot « terroriste ». Des médias kurdes
ont vu le jour. Des départements de kurde investissent les universités, un
apprentissage optionnel de la langue est proposé. Publier un livre en kurde ne
conduit plus en prison. La quatrième force politique du pays réunit Kurdes,
Turcs progressistes et représentants des minorités ethniques ou sociales comme
les mouvements LGBT. La « guerre
totale » semble reléguée aux heures sombres du passé. « Le mouvement kurde, et notamment le
combat des femmes, favorise la démocratisation de la Turquie »,
constate Murad Akincilar. Des évolutions qui prennent racine d’autant qu’elles
s’inscrivent dans un contexte régional, lui aussi, en pleine révolution. […]
Dans ce contexte, l’idée d’un Grand Kurdistan remonte à la
surface. Pas forcément sous la forme d’indépendance ou d’État-nation, assure
Murad Akincilar : « Le PKK
s’est éloigné de l’idée de créer un État contre un autre État. Les Kurdes en
Turquie n’assument pas cette idée que leur droit à l’autodétermination se
concrétise sous forme d’un État. Leur grand Kurdistan est culturel, historique,
afin de construire une fédération des communautés dans la région. » Les
droits revendiqués par le mouvement kurde le sont au nom de tous les peuples de
la région et le projet politique s’oriente vers une confédération de
communautés basée sur une « démocratie
multiculturelle ». »[23]
La manifestation la plus récente de cette reconfiguration
politique en Turquie est la percée historique du Parti démocratique des peuples
(HDP) aux élections législatives de juin 2015, qui a obtenu 13% des suffrages
et 80 députés. Cette coalition de gauche radicale, parfois surnommée le
« Syriza turc », est composée de 30 associations et sept partis
politiques. Le HDP intègre les revendications historiques du mouvement kurde
tout en essayant de représenter la société turque dans sa diversité. « La
bannière HDP réunit de nombreuses composantes (organisations de gauche,
féministes, homosexuels, écologistes, etc.) sous le mot d’ordre « Nous tous au Parlement ». C'est
un parti qu’on qualifierait de gauche plurielle sous d’autres latitudes. « Nous sommes le peuple et les peuples,
résume Filiz Kerestecioglu. Le
peuple pour que chacun prenne en main son destin. Les peuples pour en finir
avec l’exclusion, le racisme et établir une paix durable. » »[24]
Comment le HDP a-t-il réussi à tirer son épingle du jeu
dans cette situation complexe? Tout d’abord, il a su fédérer une multitude de
contestations et de mouvements sociaux (dans la lignée de l’occupation du parc
Gezi) par un programme inclusif et la figure rassembleuse de Selahattin
Demirtaş. Ce leader charismatique et sympathique, d’abord issu du BDP qui se
transforma en Parti démocratique des régions en 2014 pour se concentrer sur les
élections municipales et régionales, s’inspire directement des idées d’Öcalan
pour formuler un projet de société visant la fondation d’une nouvelle
République décentralisée. Il s'agit d'amorcer un processus constituant pour
assurer l’auto-détermination des peuples, l’égalité des droits et
l'auto-gouvernement local basé sur la démocratie directe. Voici quelques
éléments du programme du Parti démocratique des peuples qui illustrent les grandes lignes du projet
municipaliste. « À cet égard, le HDP :
• reconnaît le droit à l’auto-détermination du peuple kurde et lutte pour une solution pacifique et démocratique à la question kurde basée sur l’égalité des droits ;
• croît qu’une solution durable aux problèmes se
rapportant à la culture et à l’identité peut être trouvée à travers une
constitution nouvelle, démocratique, pluraliste, libertaire et égalitaire ;
• lutte pour une nouvelle définition de la citoyenneté
dans la constitution, basée sur la reconnaissance de l’égalité des identités,
des langues, des croyances et des cultures ;
• cherche à unir les travailleurs et les peuples, égaux
et libres, dans une République démocratique et considère l’Autonomie
démocratique comme un modèle qu’il propose comme objectif au pays tout entier. Le
HDP affirme qu’il n’y a pas de démocratisation des politiques sans l’auto-gouvernance
des peuples basée sur des administrations locales et régionales démocratiques
et autonomes. C’est pourquoi le HDP veut :
• renforcer la démocratie locale et adopter un modèle
administratif basé sur des modèles d’auto-gouvernance ;
• établir une gouvernance locale participative en ligne
avec les principes de démocratie directe ;
• établir un gouvernement local qui donne le pouvoir aux populations locales de décider de leur budget afin d’empêcher la corruption, le vol et la sous-traitance ;
• établir un gouvernement local qui donne le pouvoir aux populations locales de décider de leur budget afin d’empêcher la corruption, le vol et la sous-traitance ;
• mettre l’accent sur l’égalité des sexes et les
principes écologiques ;
• s’opposer aux projets de transformation urbaine et les
remplacer par des projets sociaux pour une vie urbaine attentive aux enfants,
aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite ;
• remplacer, dans les localités, les politiques économiques néolibérales par des politiques sociales en faveur des travailleurs et des citoyens.
• remplacer, dans les localités, les politiques économiques néolibérales par des politiques sociales en faveur des travailleurs et des citoyens.
Le HDP défend « le droit à la localité »,
c’est-à-dire le droit d’étendre les prérogatives des villes aux communes
périphériques et propose de fonder cette gouvernance locale sur l’égalité des
genres et la discrimination positive envers les femmes. D’une façon générale le
HDP propose une réorganisation de la relation entre le Pouvoir central et les
pouvoirs locaux en mettant l’accent sur l’échelon local et le développement
d’une gouvernance qui :
• garantisse un usage équitable et efficace des
ressources locales ;
• promeuve une approche pluraliste des langues, des
cultures, des croyances et des besoins spécifiques locaux ;
• encourage la communication et la négociation entre les
différents groupes sociaux ;
• protège la nature, les pâturages, les zones cultivés et
les écosystèmes d’eau, garantissant leur usage pour le bien-être des
populations et s’opposant aux opérations spéculatives. »[25]
La perspective municipaliste dont le
communalisme kurde représente une version originale est sans contredit le
nouveau paradigme dans lequel doivent s’inscrire les luttes de libération
nationale et de transformation sociale. Comme le mouvement souverainiste et la
gauche classique sont toujours centrés sur la conquête du pouvoir d’État, ces
idéologies sont maintenant désuètes et dépassées. À l’instar de la Commune de
Paris, il ne saurait y avoir de véritable République, c’est-à-dire de
République sociale et internationale, sans l’émergence d’une démocratie directe
au niveau local. La souveraineté populaire déborde le cadre rigide de
l’État-nation, par la construction d’une nouvelle communauté politique basée
sur la confédération de municipalités libres. C’est pourquoi il faut prendre au
sérieux l’idée suivante : la municipalité précède l’État.
[1] Murray Bookchin, Une
société à refaire. Vers une écologie de la liberté, Écosociété, Montréal, 2010,
p.104-108
[2] Fernand
Dumont, Raisons communes, Boréal,
Montréal, 1997, p.219
[3] Ibid., p.202-203
[4] Ibid., p.201
[5] Cornelius
Castoriadis, L’institution imaginaire de
la société, Seuil, Paris, 1975, p.115
[6] Karl Marx, La Guerre civile en France, Les
Classiques des sciences sociales, 1871, p.45-46
[7] Kristin
Ross, L’imaginaire de la Commune, La
Fabrique, Paris, 2015, p.28-29
[8] Karl Marx, La guerre civile en France, p.47
[9] Ibid., p.48
[10] Ibid., p.50
[11] Ibid., p.55
[13] « Commission des élections, 30 mars
1871, au sujet de Léo Fränkel » dans Marie-Danielle Demélas, Alain Boscus,
Militantisme et histoire, Presses
universitaires du Mirail, 2000, p.177
[14] La guerre civile en France, p.47
[15] Ibid., p.54
[16] Ibid., p.49
[17] Alexis De
Tocqueville, De la Démocratie en Amérique,
Gallimard, Paris, 1961, p.112
[18] La guerre civile en France, p.50
[19] Abdullah Öcalan, Confédéralisme démocratique,
International Initiative Edition, 2011, p.15-16
[20] Ibid., p.35
[21] David Graeber, Why is the world ignoring the revolutionary
Kurds in Syria?, The Guardian, 8 octobre 2014. http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/oct/08/why-world-ignoring-revolutionary-kurds-syria-isis
[22] Alain Devalpo, A Diyarbakır, en Turquie, les Kurdes gagnent
pas à pas leur autonomie, Mediapart, 12 février 2015. http://www.mediapart.fr/journal/international/120215/diyarbakir-en-turquie-les-kurdes-gagnent-pas-pas-leur-autonomie
[23] Ibid.
[24] Alain Devalpo, En Turquie, le parti HDP a su fédérer une
multitude de contestations, Mediapart, 9 juin 2015.
http://www.mediapart.fr/journal/international/090615/en-turquie-le-parti-hdp-su-federer-une-multitude-de-contestations
[25] Le programme de
Selahattin Demirtas à l’élection présidentielle en Turquie, Institut kurde de
Bruxelles, 8 juillet 2014.
http://www.kurdishinstitute.be/le-programme-de-selahattin-demirtas-a-lelection-presidentielle-en-turquie/
TROIS DROITS IMPORTANTS
RépondreSupprimerTrois Droits qui, à mon avis, devrait être préservés:
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1 - Le droit à la Monoparentalité dans les Sociétés Traditionnellement Monogames: voir blog "The Origin Of Sex-Taboo". [en anglais]
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2 - Le droit au veto de qui paie (le contribuable) - Démocratie Semi-Directe: voir blog "Fim-da-Cidadania-Infantil". [en portugais]
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3 - Le droit à la survie des identités autochtones: voir blog "SEPARATISM-50-50". [en français]
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P.S.
Les séparatistes-50-50 ne cherchait pas des prétextes pour refuser le droit à la survie des autres ... les séparatistes-50-50 revendiquent seulement le droit à la survie des Identités Autochtones (lire: les 'globalization-lovers' doit respecter les droits des autres ... et vice versa!)
F.R.A.R.