Hommage à Françoise David
La plus grande qualité de Françoise David, qui la fera entrer dans le panthéon des plus grandes femmes politiques de l’histoire du Québec, c’est la vertu. Bien que la pensée conservatrice et les adversaires de la gauche réduisent systématiquement la vertu à l’idéalisme, la bien-pensance ou le discours moralisateur de l’idéologie dominante, il faut rétablir la dignité de cette catégorie pratique qui manque cruellement au monde politique à notre époque. Qu’est-ce que la vertu ? Ce n’est pas d’abord une idée morale déconnectée de la réalité, mais un trait de caractère, une manière de juger et d’agir de façon appropriée dans le monde. La vertu est la force d’âme, une manière de conduire son existence, de se lier aux autres et de participer à l’amélioration de la société. Il s’agit d’une sensibilité particulière face aux événements, aux attitudes d’autrui, à l’histoire et aux hasards de la vie. Les quatre vertus cardinales sont le courage, la prudence, la tempérance et la justice ; surmonter les dangers, décider correctement en fonction des circonstances, manier l’art de la modération pour éviter les excès, et rendre à chaque personne son dû de façon équitable.
En me remémorant les réunions auxquelles j’ai eu la chance de participer au sein de Comité de coordination nationale de Québec solidaire, j’ai pu observer dans les gestes, les actes et les paroles de Françoise David la manifestation constante de ces multiples vertus. Elle est une femme à la fois très terre-à-terre et sensible, dotée d’une grande intelligence politique et habitée d’un réel amour du monde. À travers les échanges d’idées et de perspectives qui se transforment parfois en conflits, elle parvenait presque toujours à trouver la ligne de crête de la décision juste, avec une perspicacité capable de cerner l’essentiel parmi les particularités et les contradictions du contexte. Loin d’être fondée sur un moralisme abstrait, la sagesse pratique se définit par un pragmatisme accompagné d’une certaine idée du Bien. C’est ce que Aristote appelle la phronesis, la sagacité, la faculté de juger des affaires humaines toujours complexes, qui requiert une certaine dose d’expérience procurée par l’âge et surtout une longue histoire d’engagement. Si l’éthique de la vertu consiste à se référer à un certain modèle de l’homme ou de la femme vertueuse pour savoir comment agir dans une situation particulière, je crois que Françoise David représente à mes yeux l’exemple même de la vertu politique.
De plus, j’irais même jusqu’à dire que cette femme a incarné, tout au long de son histoire d’engagement citoyen et politique, les trois vertus théologales sous une forme moderne et sécularisée : foi, espérance et charité. La charité incarne l’amour du prochain, la compassion et la générosité, qui ne se limite pas à la philanthropie ou aux actions ponctuelles, mais peut se traduire par une exigence forte de justice sociale. De son côté, l’espérance désigne une confiance en la capacité du bien à triompher du mal qui afflige le monde. Elle est la contrepartie positive de l’indignation morale devant le spectacle des injustices, celle qui nous donne la motivation à agir pour changer l’ordre des choses, attitude illustrée son livre De colère et d’espoir. Enfin, la foi dans une société post-traditionnelle ne se manifeste pas d’abord par une disposition à croire aux vérités révélées, mais par le fait d’être habité par une énergie morale qui rayonne autour de soi. La foi désigne moins une croyance qu’une expérience, un rapport sensible, attentif et actif qui lie notre existence au devenir d’autrui et du monde. Loin de se réfugier dans la contemplation ou la pure intériorité, la foi est sortie de soi et élan vers l’action, qui pousse la personne à participer à la co-création du monde. C’est cette « énergie spirituelle », cet Amor Mundi si rare dans le domaine politique marqué par la quête de la gloire, le narcissisme et la domination, qui constitue à mon sens la contribution inégalée de Françoise David à l’avancement de la société québécoise, laquelle nous permet encore d’espérer en la possibilité d’un progrès historique.
La politique ne se définit pas d’abord comme l’art du pouvoir, mais comme la manifestation de l’action dans le monde, visant à changer ensemble nos conditions d’existence, afin de rendre vivantes et réelles les idées de liberté, d’égalité et de solidarité.
En me remémorant les réunions auxquelles j’ai eu la chance de participer au sein de Comité de coordination nationale de Québec solidaire, j’ai pu observer dans les gestes, les actes et les paroles de Françoise David la manifestation constante de ces multiples vertus. Elle est une femme à la fois très terre-à-terre et sensible, dotée d’une grande intelligence politique et habitée d’un réel amour du monde. À travers les échanges d’idées et de perspectives qui se transforment parfois en conflits, elle parvenait presque toujours à trouver la ligne de crête de la décision juste, avec une perspicacité capable de cerner l’essentiel parmi les particularités et les contradictions du contexte. Loin d’être fondée sur un moralisme abstrait, la sagesse pratique se définit par un pragmatisme accompagné d’une certaine idée du Bien. C’est ce que Aristote appelle la phronesis, la sagacité, la faculté de juger des affaires humaines toujours complexes, qui requiert une certaine dose d’expérience procurée par l’âge et surtout une longue histoire d’engagement. Si l’éthique de la vertu consiste à se référer à un certain modèle de l’homme ou de la femme vertueuse pour savoir comment agir dans une situation particulière, je crois que Françoise David représente à mes yeux l’exemple même de la vertu politique.
De plus, j’irais même jusqu’à dire que cette femme a incarné, tout au long de son histoire d’engagement citoyen et politique, les trois vertus théologales sous une forme moderne et sécularisée : foi, espérance et charité. La charité incarne l’amour du prochain, la compassion et la générosité, qui ne se limite pas à la philanthropie ou aux actions ponctuelles, mais peut se traduire par une exigence forte de justice sociale. De son côté, l’espérance désigne une confiance en la capacité du bien à triompher du mal qui afflige le monde. Elle est la contrepartie positive de l’indignation morale devant le spectacle des injustices, celle qui nous donne la motivation à agir pour changer l’ordre des choses, attitude illustrée son livre De colère et d’espoir. Enfin, la foi dans une société post-traditionnelle ne se manifeste pas d’abord par une disposition à croire aux vérités révélées, mais par le fait d’être habité par une énergie morale qui rayonne autour de soi. La foi désigne moins une croyance qu’une expérience, un rapport sensible, attentif et actif qui lie notre existence au devenir d’autrui et du monde. Loin de se réfugier dans la contemplation ou la pure intériorité, la foi est sortie de soi et élan vers l’action, qui pousse la personne à participer à la co-création du monde. C’est cette « énergie spirituelle », cet Amor Mundi si rare dans le domaine politique marqué par la quête de la gloire, le narcissisme et la domination, qui constitue à mon sens la contribution inégalée de Françoise David à l’avancement de la société québécoise, laquelle nous permet encore d’espérer en la possibilité d’un progrès historique.
La politique ne se définit pas d’abord comme l’art du pouvoir, mais comme la manifestation de l’action dans le monde, visant à changer ensemble nos conditions d’existence, afin de rendre vivantes et réelles les idées de liberté, d’égalité et de solidarité.
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