Sortir de la thanatophobie nationaliste
Mathieu Bock-Côté doit se réjouir de la mise en place d'une consultation sur le racisme systémique, car cela accentuera la division entre Québec solidaire et le Parti québécois sur la question identitaire ; rappelons que son voeu le plus cher est celui d'une convergence nationaliste avec la CAQ pour raviver l'esprit de la défunte Union nationale.
Sur quoi se fonde cette coalition? Premièrement, sur la banalisation du racisme qui serait un phénomène marginal, le fruit de quelques actes isolés. "S’il y a au Québec, comme partout ailleurs, une petite minorité de racistes, qu’il faut dénoncer, naturellement, le racisme n’y constitue pas un problème social majeur." Évidemment, le rejet d'une enquête publique vise à empêcher la validation empirique de cette hypothèse. Mais nous savons de toute façon que MBC est moins un sociologue qu'un idéologue du national-populisme québécois. "En politique, celui qui perd la bataille des mots perdra la guerre des idées."
Mais ce n'est pas tout ; la négation du racisme fait office de résistance à la culpabilisation et de défense d'une identité collective bonne et immuable, comme si toute remise en question représentait une menace pour la conscience nationale. "Le PQ et la CAQ, devraient se tourner vers les Québécois et leur demander franchement: vous n’en avez pas assez de vous faire traiter de racistes? Pratiquement, l’accusation de racisme sert à étouffer des débats essentiels qui concernent l’existence même du peuple québécois."
Il faut rappeler ici que la vision particulière du nationalisme préconisée par cette mouvance conservatrice est à des années lumières du projet d'émancipation collective de jadis et de l'aspiration à l'auto-détermination ; l'affect principal est celui de la peur morbide de disparaître. "D’ici 20 ans, les Québécois qui ont le français pour langue maternelle seront moins de 70 % au Québec. Un jour, ils ne seront plus qu’une grosse communauté culturelle installée en région. Dans ce contexte, l’identité québécoise est condamnée à régresser. On programme sa dilution démographique."
De plus, il faut rappeler que l'association entre élites libérales et gauche multiculturelle est un procédé rhétorique pour occulter la question sociale au profit de la polarisation entre mondialisation (dilution nationale) et patriotisme (auto-défense contre l'immigration de masse). Dans ce schéma binaire, une enquête sur le racisme correspond à une accusation générale de racisme, et une méfiance vis-à-vis l'immigration serait une saine défense contre la peur de disparaître.
Pour ma part, la peur d'une mort collective, la thanatophobie nationale-conservatrice, ne pourra jamais fournir les bases culturelles, symboliques et affectives d'une identité populaire, nationale et plurielle robuste. Le plus grand bien que l'on puisse faire à l'identité collective, c'est de la dépoussiérer, la décoloniser, c'est-à-dire la libérer de cette mentalité d'assiégés dans laquelle certain idéologues chétifs essaient de l'enfermer. Le nationalisme sauce Bock-Côté est la réification de la nation, qui empêche celle-ci de prendre conscience de son devenir historique.
"Chaque époque devra, de nouveau, s’attaquer à cette rude tâche : libérer du conformisme une tradition en passe d’être violée par lui". -Walter Benjamin
Sur quoi se fonde cette coalition? Premièrement, sur la banalisation du racisme qui serait un phénomène marginal, le fruit de quelques actes isolés. "S’il y a au Québec, comme partout ailleurs, une petite minorité de racistes, qu’il faut dénoncer, naturellement, le racisme n’y constitue pas un problème social majeur." Évidemment, le rejet d'une enquête publique vise à empêcher la validation empirique de cette hypothèse. Mais nous savons de toute façon que MBC est moins un sociologue qu'un idéologue du national-populisme québécois. "En politique, celui qui perd la bataille des mots perdra la guerre des idées."
Mais ce n'est pas tout ; la négation du racisme fait office de résistance à la culpabilisation et de défense d'une identité collective bonne et immuable, comme si toute remise en question représentait une menace pour la conscience nationale. "Le PQ et la CAQ, devraient se tourner vers les Québécois et leur demander franchement: vous n’en avez pas assez de vous faire traiter de racistes? Pratiquement, l’accusation de racisme sert à étouffer des débats essentiels qui concernent l’existence même du peuple québécois."
Il faut rappeler ici que la vision particulière du nationalisme préconisée par cette mouvance conservatrice est à des années lumières du projet d'émancipation collective de jadis et de l'aspiration à l'auto-détermination ; l'affect principal est celui de la peur morbide de disparaître. "D’ici 20 ans, les Québécois qui ont le français pour langue maternelle seront moins de 70 % au Québec. Un jour, ils ne seront plus qu’une grosse communauté culturelle installée en région. Dans ce contexte, l’identité québécoise est condamnée à régresser. On programme sa dilution démographique."
De plus, il faut rappeler que l'association entre élites libérales et gauche multiculturelle est un procédé rhétorique pour occulter la question sociale au profit de la polarisation entre mondialisation (dilution nationale) et patriotisme (auto-défense contre l'immigration de masse). Dans ce schéma binaire, une enquête sur le racisme correspond à une accusation générale de racisme, et une méfiance vis-à-vis l'immigration serait une saine défense contre la peur de disparaître.
Pour ma part, la peur d'une mort collective, la thanatophobie nationale-conservatrice, ne pourra jamais fournir les bases culturelles, symboliques et affectives d'une identité populaire, nationale et plurielle robuste. Le plus grand bien que l'on puisse faire à l'identité collective, c'est de la dépoussiérer, la décoloniser, c'est-à-dire la libérer de cette mentalité d'assiégés dans laquelle certain idéologues chétifs essaient de l'enfermer. Le nationalisme sauce Bock-Côté est la réification de la nation, qui empêche celle-ci de prendre conscience de son devenir historique.
"Chaque époque devra, de nouveau, s’attaquer à cette rude tâche : libérer du conformisme une tradition en passe d’être violée par lui". -Walter Benjamin
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