Pourquoi j'appuie GND
Lorsque j’ai rencontré Gabriel Nadeau-Dubois le 17 août 2012, une semaine après qu’il ait remis sa démission à titre de porte-parole de la CLASSE, j’ai été immédiatement impressionné par son charisme et son intelligence politique. Nous étions alors en pleine campagne électorale, et Éric Martin me l’avait présenté dans le cadre d’un 5@7 au Cheval blanc à la suite de l’université populaire des Nouveaux cahiers du socialisme. Après quelques minutes d’échanges autour de divers sujets – Hegel, Marx, Freitag, le féminisme, les stratégies de mobilisation, les spins médiatiques et le rapport du mouvement étudiant aux institutions – j’ai réalisé que je n’avais pas affaire à n’importe qui. Comme dans ces rares moments où nous sentons que nous avons un rendez-vous avec l’histoire, j’ai eu l’intuition que nos destins allaient se croiser et qu’il serait un jour le futur porte-parole de Québec solidaire.
Cette question a d’ailleurs fait surface plus tard dans la soirée, lors d’un souper mémorable dans un restaurant portugais rue Ontario. Je l’avais alors félicité de ne pas avoir fait un saut politique opportuniste comme Léo Bureau-Blouin, afin de poursuivre sa réflexion et de se lancer dans l’arène lorsqu’il aura toutes les munitions en main. Gabriel avait déjà la «vocation de l’homme politique», ancrée dans une éthique de la responsabilité et une profonde conscience historique. Je sentais chez lui une réelle volonté de puissance, mais assagie par le sens de la diplomatie et des convictions bien enracinées. Derrière sa «persona» médiatique connue du grand public, je découvrais tranquillement sa personnalité «privée» qui se dévoile peu à peu lorsqu’il interagit avec ses camarades et ses ami-e-s rapprochés. Son air sérieux fait alors place à un petit côté espiègle et un vrai sens de la fête. Enfin, je me souviens comme si c’était hier du moment où toute la table avait trinqué haut et fort : «au socialisme, et à l’indépendance !».
Cinq ans plus tard, Gabriel se retrouve au seuil de l’Assemblée nationale et sur le bord d’une reconfiguration politique qu’il a en bonne partie contribué à accélérer. Des raisons personnelles et professionnelles m’ont obligé à quitter mon poste de responsable de la Commission politique un an trop tôt, mais j’avoue que j’aurais bien aimé vivre de l’intérieur cette transition historique du parti qui est déjà en train de prendre forme sous nos yeux. Délaissant la vision rassurante du «petit train va loin», le véhicule politique de l’émancipation se donne enfin les moyens de ses ambitions. Attention, car là où croît ce qui sauve croît aussi le danger, celui du pouvoir. Car oui le pouvoir est à portée de nos mains, car Gabriel n’est pas seul ; il amène avec lui ses collègues, camarades, allié-e-s et nouvelles recrues qui feront sortir la gauche des sentiers battus. Les figures publiques qui se joindront à lui à court terme viendront bousculer les idées reçues, et ce changement ne viendra pas sans certaines résistances devant l’inconnu et la peur de perdre le contrôle. Et c’est bien là le défi qui nous attend, car Gabriel fera croître sans contredit le «parti des urnes» ; entre 5 et 10 député-e-s lors des prochaines élections, c’est ma prédiction.
Face à cet accroissement de l’aile parlementaire, il faudra bien sûr construire le «parti de la rue» et la démocratie interne, dans un processus dialectique sans fin. Comme l’impératif médiatique continuera à exercer sa pression sur l’agenda du parti, il faudra réinventer les pratiques militantes et l’action politique au-delà de la mobilisation électorale, et porter une attention particulière à l’échelle locale. Éducation populaire, organisation communautaire, actions directes et autres méthodes devront être expérimentées pour incarner le parti-mouvement au-delà du carcan partisan. Il faudra s’ouvrir à d’autres tendances politiques proches de nous, avec franchise et camaraderie, en évitant le sectarisme qui représente toujours un piège, même pour la gauche solidaire. Je ne parle pas ici des grands partis établis, mais des mouvements sociaux et autres partis progressistes avec qui nous partageons suffisamment de choses en commun pour forger un nouveau bloc historique. Ce «travail de coalition continu», qui a donné naissance à l’Union des forces progressistes et à Québec solidaire, nous devons l’entreprendre à nouveau pour parvenir à la prochaine étape du parti-processus. C’est ce double mouvement d’élargissement de nos bases et de construction du projet de société qu’il faut articuler pour sortir la gauche de la petitesse dans laquelle elle s’est trop souvent enfermée, par souci de préserver son identité.
C’est pour toutes ces raisons que j’appuie la candidature de Gabriel Nadeau-Dubois au poste de co-porte-parole de Québec solidaire. D’une part, il est le seul à mon avis à pouvoir rallier de nouvelles figures et opérer le « saut qualitatif » que le parti n’a jamais connu de son histoire. D’autre part, il est le seul à porter le flambeau du courant «socialisme et indépendance» élargi aux diverses luttes pour l’émancipation (féminisme, antiracisme, lutte anticolonialiste). C’est pourquoi il assume sans complexe le rapprochement avec Option nationale, tout en s’ouvrant à de nouveaux secteurs de la population pour construire une force politique digne de ce nom. Qui plus est, il rassemble de nouvelles forces vives tout en ayant plusieurs appuis à l’interne, dont la génération de 2012 ancrée dans les valeurs du syndicalisme de combat. Radicalisme et pragmatisme, idéalisme et réalisme, voilà l’équilibre délicat à préserver comme le fit maintes grandes figures de la gauche contemporaine.
Pour terminer, j’aimerais tenter une comparaison. Bien que Gabriel se réclame souvent de Bernie Sanders ou de Jean-Luc Mélenchon, je trouve qu’il ressemble plutôt à Aléxis Tsípras, chef de la coalition de la gauche radicale Syriza. Certes, ce dernier a plié face aux institutions européennes lors d’un moment fatidique, mais l’histoire aurait pu prendre un tournant différent s’il y avait eu un plan B face à l’arrogance de la Troïka. Pour ma part, la modération sur le plan électoral ne doit jamais se séparer de la possibilité objective d’une rupture démocratique si les circonstances historiques l’exigent ; c’est pourquoi les débats stratégiques ne font que commencer. Que se passera-t-il lorsque Québec solidaire prendra le pouvoir ? C’est dans cet esprit que nous devons penser d’ici les six prochaines années. Pour ma part, j’espère que Gabriel Nadeau-Dubois aura à ses côtés un-e ou plusieurs acolytes de la trempe de Yanis Varoufakis pour l’empêcher de plier lors des moments de pression extrême. De plus, il faudra suffisamment de mobilisations citoyennes et de luttes sociales dans la rue pour botter le cul du gouvernement s’il décide de reculer sur son programme ; l’essentiel consiste à mettre en place les mesures transitoires pour opérer une transformation sociale et jeter les bases d’un autogouvernement populaire.
Cette question a d’ailleurs fait surface plus tard dans la soirée, lors d’un souper mémorable dans un restaurant portugais rue Ontario. Je l’avais alors félicité de ne pas avoir fait un saut politique opportuniste comme Léo Bureau-Blouin, afin de poursuivre sa réflexion et de se lancer dans l’arène lorsqu’il aura toutes les munitions en main. Gabriel avait déjà la «vocation de l’homme politique», ancrée dans une éthique de la responsabilité et une profonde conscience historique. Je sentais chez lui une réelle volonté de puissance, mais assagie par le sens de la diplomatie et des convictions bien enracinées. Derrière sa «persona» médiatique connue du grand public, je découvrais tranquillement sa personnalité «privée» qui se dévoile peu à peu lorsqu’il interagit avec ses camarades et ses ami-e-s rapprochés. Son air sérieux fait alors place à un petit côté espiègle et un vrai sens de la fête. Enfin, je me souviens comme si c’était hier du moment où toute la table avait trinqué haut et fort : «au socialisme, et à l’indépendance !».
Cinq ans plus tard, Gabriel se retrouve au seuil de l’Assemblée nationale et sur le bord d’une reconfiguration politique qu’il a en bonne partie contribué à accélérer. Des raisons personnelles et professionnelles m’ont obligé à quitter mon poste de responsable de la Commission politique un an trop tôt, mais j’avoue que j’aurais bien aimé vivre de l’intérieur cette transition historique du parti qui est déjà en train de prendre forme sous nos yeux. Délaissant la vision rassurante du «petit train va loin», le véhicule politique de l’émancipation se donne enfin les moyens de ses ambitions. Attention, car là où croît ce qui sauve croît aussi le danger, celui du pouvoir. Car oui le pouvoir est à portée de nos mains, car Gabriel n’est pas seul ; il amène avec lui ses collègues, camarades, allié-e-s et nouvelles recrues qui feront sortir la gauche des sentiers battus. Les figures publiques qui se joindront à lui à court terme viendront bousculer les idées reçues, et ce changement ne viendra pas sans certaines résistances devant l’inconnu et la peur de perdre le contrôle. Et c’est bien là le défi qui nous attend, car Gabriel fera croître sans contredit le «parti des urnes» ; entre 5 et 10 député-e-s lors des prochaines élections, c’est ma prédiction.
Face à cet accroissement de l’aile parlementaire, il faudra bien sûr construire le «parti de la rue» et la démocratie interne, dans un processus dialectique sans fin. Comme l’impératif médiatique continuera à exercer sa pression sur l’agenda du parti, il faudra réinventer les pratiques militantes et l’action politique au-delà de la mobilisation électorale, et porter une attention particulière à l’échelle locale. Éducation populaire, organisation communautaire, actions directes et autres méthodes devront être expérimentées pour incarner le parti-mouvement au-delà du carcan partisan. Il faudra s’ouvrir à d’autres tendances politiques proches de nous, avec franchise et camaraderie, en évitant le sectarisme qui représente toujours un piège, même pour la gauche solidaire. Je ne parle pas ici des grands partis établis, mais des mouvements sociaux et autres partis progressistes avec qui nous partageons suffisamment de choses en commun pour forger un nouveau bloc historique. Ce «travail de coalition continu», qui a donné naissance à l’Union des forces progressistes et à Québec solidaire, nous devons l’entreprendre à nouveau pour parvenir à la prochaine étape du parti-processus. C’est ce double mouvement d’élargissement de nos bases et de construction du projet de société qu’il faut articuler pour sortir la gauche de la petitesse dans laquelle elle s’est trop souvent enfermée, par souci de préserver son identité.
C’est pour toutes ces raisons que j’appuie la candidature de Gabriel Nadeau-Dubois au poste de co-porte-parole de Québec solidaire. D’une part, il est le seul à mon avis à pouvoir rallier de nouvelles figures et opérer le « saut qualitatif » que le parti n’a jamais connu de son histoire. D’autre part, il est le seul à porter le flambeau du courant «socialisme et indépendance» élargi aux diverses luttes pour l’émancipation (féminisme, antiracisme, lutte anticolonialiste). C’est pourquoi il assume sans complexe le rapprochement avec Option nationale, tout en s’ouvrant à de nouveaux secteurs de la population pour construire une force politique digne de ce nom. Qui plus est, il rassemble de nouvelles forces vives tout en ayant plusieurs appuis à l’interne, dont la génération de 2012 ancrée dans les valeurs du syndicalisme de combat. Radicalisme et pragmatisme, idéalisme et réalisme, voilà l’équilibre délicat à préserver comme le fit maintes grandes figures de la gauche contemporaine.
Pour terminer, j’aimerais tenter une comparaison. Bien que Gabriel se réclame souvent de Bernie Sanders ou de Jean-Luc Mélenchon, je trouve qu’il ressemble plutôt à Aléxis Tsípras, chef de la coalition de la gauche radicale Syriza. Certes, ce dernier a plié face aux institutions européennes lors d’un moment fatidique, mais l’histoire aurait pu prendre un tournant différent s’il y avait eu un plan B face à l’arrogance de la Troïka. Pour ma part, la modération sur le plan électoral ne doit jamais se séparer de la possibilité objective d’une rupture démocratique si les circonstances historiques l’exigent ; c’est pourquoi les débats stratégiques ne font que commencer. Que se passera-t-il lorsque Québec solidaire prendra le pouvoir ? C’est dans cet esprit que nous devons penser d’ici les six prochaines années. Pour ma part, j’espère que Gabriel Nadeau-Dubois aura à ses côtés un-e ou plusieurs acolytes de la trempe de Yanis Varoufakis pour l’empêcher de plier lors des moments de pression extrême. De plus, il faudra suffisamment de mobilisations citoyennes et de luttes sociales dans la rue pour botter le cul du gouvernement s’il décide de reculer sur son programme ; l’essentiel consiste à mettre en place les mesures transitoires pour opérer une transformation sociale et jeter les bases d’un autogouvernement populaire.
Photo : Graham Hughes La Presse canadienne
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